Installé dans une salle de réception de la Commanderie, le centre d’entraînement de l’OM, Steve Mandanda s’évertue à repousser l’échéance. Il discute longuement avec des journalistes locaux puis saisit un amuse-gueule placé sur le buffet et le mâche lentement comme s’il s’agissait de son dernier avant d’entamer un régime Dukan. On sent Steve soucieux et […]
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Installé dans une salle de réception de la Commanderie, le centre d’entraînement de l’OM, Steve Mandanda s’évertue à repousser l’échéance. Il discute longuement avec des journalistes locaux puis saisit un amuse-gueule placé sur le buffet et le mâche lentement comme s’il s’agissait de son dernier avant d’entamer un régime Dukan.
On sent Steve soucieux et il y a de quoi : dans quelques instants, nous serons face à lui. Steve Mandanda, gardien de l’OM et n° 2 chez les Bleus, a accepté de simuler, sur Fifa 2012, le premier match de l’équipe de France de l’Euro, prévu le 11 juin contre l’Angleterre. Il prendra les Français. Nous les Anglais. Ce qui tombe bien. Ces derniers mois, depuis l’arrivée d’une Wii au domicile familial, nous nous sommes beaucoup entraînés avec la sélection anglaise et avons même mis au point une tactique sophistiquée :multiplier les passes au milieu de terrain, puis lancer notre attaquant dans la profondeur. Contre un enfant de cinq ans et demi (le nôtre), cela fonctionne à merveille.
Malgré ses évidentes appréhensions, Steve Mandanda finit par prendre la manette de droite, sans doute celle qui porte bonheur.
“Je ne joue pas hyper bien, dit-il. J’ai pas mal ralenti ma consommation de jeux vidéo. Je suis plus séries, DVD, maintenant.”
La partie débute et, effectivement, nous dominons outrageusement les débats. Pourtant, contre le cours du jeu et sur un malentendu (à la suite d’une regrettable erreur de manipulation, un défenseur anglais donne le ballon à Karim Benzema, l’attaquant français), l’équipe de France de Steve Mandanda ouvre le score. Puis l’aggrave, via un but qui aurait dû être annulé pour hors-jeu.
L’injustice est totale. Pour inverser le cours du match, nous tentons donc de déstabiliser Steve au travers d’une question sensible. “La Coupe du Monde 2010, l’épisode de la grève et du bus ont-ils vraiment été digérés ?”, lui demandet- on alors qu’il s’apprête à tirer. Mais Steve tire quand même et marque. Puis répond :
“Je sais que nous avons déçu énormément de personnes en Afrique du Sud et nous avons beaucoup de choses à nous faire pardonner. Nous le savons tous. Etre irréprochables dans notre comportement est un objectif majeur de l’Euro pour l’équipe.”
Malgré l’échec de cette première tentative de déstabilisation, nous recommençons, suggérant que cette équipe de France, au vu des dernières prestations, ne pourra pas aller bien loin dans la compétition. “Moi, j’y crois, répond Mandanda, concentré sur le jeu. Nous avons des joueurs jeunes, qui jouent leur première compétition et qui ont très envie. D’autres joueurs plus expérimentés les encadrent. Le cocktail est bon.” Dominés 3-0 à la mi-temps, nous sommes maintenant menés par 7 buts d’écart sans avoir pu tenter la moindre frappe. “Tu ne mérites pas ça”, dit Mandanda, dans un élan de flagornerie qui nous incite à jeter nos derniers efforts dans la bataille.
On arme une frappe de quarante mètres, qui finit dans la tribune. Notre manette est-elle défaillante ? Nos joueurs sont-ils achetés (nous sommes à Marseille après tout) ? Ou sommes-nous pénalisés par le fait d’évoluer à l’extérieur, sur une console que nous ne connaissons pas ? Il y a sans doute un peu de tout ça derrière cette injuste défaite. Mais Steve, lui, est satisfait. “J’espère que ça sera aussi facile sur la pelouse, en vrai, contre les Anglais”, fanfaronne-t-il. Nous ne lui souhaitons pas bonne chance.
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