« FIFA 18 », « NBA 2K18 », « Golf Story » : parent pauvre de la ludothèque Switch à son lancement, le jeu de sport s’installe sur la console hybride de Nintendo. Le résultat est plus qu’encourageant et le plus enthousiasmant des trois titres est aussi le plus surprenant.
Depuis le lancement de la Switch en mars dernier, c’était l’un des points faibles de sa ludothèque. Si la plupart des grands genres vidéoludiques y étaient représentés, du platformer au jeu de course en passant par le rhythm game ou la baston, les simulations sportives manquaient cruellement à l’appel, seulement représentés par un NBA Playgrounds plaisant mais limité et le génial mais pas très neuf Neo Turf Masters, paru à l’origine sur Neo-Geo en 1996. La situation est heureusement en train de changer et, en attendant la petite baballe jaune (avec Tennis World Tour, annoncé comme l’héritier du grand Top Spin) ou le ski (si Steep, dont le développement ne semble pas de tout repos, finit par sortir un jour), le sport est au centre de trois nouveaux jeux de la Switch. Spoiler : ils sont tous bien. Mais le plus marquant n’est pas forcément celui qu’on croit.
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FIFA 18
La précédente console de Nintendo, la mal-aimée Wii U, n’avait eu droit qu’au millésime 2013 du plus populaire des jeux de foot (qui s’invita cependant sur Wii, mais dans une certaine discrétion, les deux années suivantes). La sortie de FIFA 18 sur Switch fait donc figure d’événement, d’autant que, si elle ne peut rivaliser sur le plan technologique avec celles des nettement plus puissantes PS4 et Xbox One, cette version est tout sauf bâclée. Certains – dont nous sommes – regretteront l’absence de plusieurs options, dont l’entêtant mode « Aventure » apparu dans FIFA 17 et bien présent chez la concurrence, mais on choisira de voir le verre aux deux-tiers plein plutôt que ce qui lui manque pour l’être complètement.
D’autant que l’intérêt de FIFA 18 sur Switch naît d’abord de l’usage qu’il est possible d’en faire, à deux (en se saisissant chacun de l’une des mini-manettes de la console et en profitant d’un système de contrôle simplifié) mais aussi en solo. Et peut-être même surtout tout seul : FIFA 18 en mode portable, c’est une version alternative de la réalité footballistique rien que pour soi. C’est, quelle que soit l’heure, loin des regards, nous projeter en Neymar. C’est, instantanément, quand le cœur nous en dit, nous mesurer à Messi. C’est refaire le vrai match de la veille ou anticiper celui du lendemain, juste pour voir, juste pour soi. C’est, plutôt qu’une simulation qui, en colonisant le salon, nous engloutit, un jeu de foot qui nous accompagne et nous tient compagnie. C’est (presque) tout ce qu’on espérait de cette adaptation de FIFA.
NBA 2K18
https://youtu.be/lwBqitrE3ww
Autre mastodonte de la simulation sportive, NBA 2K avait lui aussi snobé la Wii U au-delà de sa version 2013. Mais, contrairement à FIFA, la reine des simulations de basket s’offre un retour chez Nintendo sans faire de sacrifices en matière de contenu par rapport aux autres consoles. C’est sa grande qualité et aussi, paradoxalement, sa principale limite, du moins dans l’attente d’une mise à jour qui règlerait les problèmes du jeu, promise par son éditeur mais toujours pas disponible au moment de la rédaction de cet article (mais mise en ligne depuis, ce qui règle la plupart des problèmes du jeu, NDLR). Car, en l’état, NBA 2K18 donne l’impression d’être un peu trop gros pour la console qui le fait tourner, en particulier dans le mode « Ma carrière », équivalent de l’ »Aventure » de FIFA, où la bande son des scènes cinématiques, curieusement décalée, a une fâcheuse tendance à se terminer bien avant l’image, nous laissant face à des basketteurs muets qui bougent au ralenti.
C’est dommage car, quand ses bugs et ses temps de chargement nous laissent profiter du sport lui-même, NBA 2K18 se révèle merveilleux. Sa beauté est double : elle réside dans son appréhension du basket américain comme une culture à part entière (avec son langage, ses rituels, ses héros…) et, en même temps, dans sa manière de nous plonger dans le jeu lui-même, dans cette réalité où la circulation du ballon prime sur tout le reste. C’est une affaire de gestes, de tempo. C’est quelque chose que, bientôt, on ressent intimement. C’est sidérant.
Golf Story
Invité surprise de cette sélection, Golf Story n’est pas une simulation sportive à proprement parler, pas vraiment un jeu de golf, mais plutôt un jeu sur ou avec le golf, qui y est omniprésent. Dans un style (graphique, mais aussi narratif) rappelant les jeux de rôle japonais des années 1990, de Earthbound à Chrono Trigger (et, plus directement, le Mario Golf GameBoy de 1999), l’œuvre du mini-studio (australien, semble-t-il) Sidebar Games nous lâche dans un monde joyeusement fantaisiste dans lequel tout ou presque se règle un club (de golf, donc) à la main.
A la fois rigoureux (dans son système de jeu qui ne dépaysera pas trop les vétérans du golf virtuel) et facétieux (on doit éviter les taupes qui rôdent sur le green et ne manqueraient pas de s’emparer de notre balle, viser les poissons dans l’eau pour leur donner à manger ou un petit baigneur à qui sa mère demande de revenir sur la berge), Golf Story enchante par sa qualité d’écriture et sa variété. Et rejoint étrangement NBA 2K et FIFA en s’appuyant sur l’idée qu’un sport, ce n’est pas qu’une affaire d’adresse et un défi physique mais, aussi, une activité (et les siennes sont aussi nombreuses que stimulantes) productrice de récits – un match, une compétition, c’est une histoire qu’on (se) raconte, pendant et après. Celles qui rythment cette aventure sont parmi les plus charmantes qu’on ait rencontrées sur une console depuis bien longtemps. On en ressort avec la certitude que le golf, c’est la vie – sans doute la meilleure preuve du triomphe de Golf Story.
FIFA 18 (Electronic Arts), sur Switch, PS3, PS4, Xbox 360, Xbox One et PC, de 45 à 60 €
NBA 2K18 (Take 2), sur Switch, PS3, PS4, Xbox 360, Xbox One et PC, de 35 à 60 €
Golf Story (Sidebar Games), sur Switch, 14,99€
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