La Fnac Bastille doit fermer ses portes d’ici à la fin de l’année. Soixante postes seront supprimés, sur les 400 annoncés sur l’Hexagone. Les salariés protestent et manifestent quotidiennement, la direction fait quant à elle la sourde oreille.
Les employés de la Fnac Bastille sont mobilisés depuis maintenant sept semaines. Tous les jours, pendant quelques heures, ils déploient des banderoles devant l’entrée du magasin, pour protester contre sa fermeture programmée pour la fin de l’année.
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Les ventes ne sont pas perturbées, « ce serait leur donner raison « , ajoute Romain Dubois, un employé de la FNAC Bastille. Les clients sont sensibilisés et invités à signer la pétition qui a déjà récolté 11 000 signatures, dont celles très » glamour » de Matthieu Chédid, Jean Dujardin, ou Marie-Georges Buffet. Organisé sur le temps de pause des employés, le mouvement s’essouffle en même temps que les salariés : « Avec les vacances, il y a de moins en moins de monde, c’est dur de rester mobilisés. Il commence même à y avoir des arrêts maladie à cause de la fatigue physique « , raconte Romain Dubois.
Les employés dénoncent le manque de transparence de la direction, qui assure pourtant transmettre des informations régulières. » Il n’y a aucun dialogue, pas de communication, c’est le flou artistique le plus total « , dit Romain Dubois. Depuis l’annonce officielle de la fermeture du magasin, attestée par une lettre envoyée à la Fnac Bastille, les 60 salariés ne sont sûrs que d’une chose : plus de Fnac Bastille. » Nous ne savons même pas précisément quand nous devrons quitter notre poste « . La direction de la Fnac promet que chaque employé concerné par la suppression de son poste se verra proposer deux offres au sein de la chaîne, en comptant sur un turnover de 14% et le développement de nouvelles activités, comme les produits dérivés. Ceux qui le souhaitent pourraient bénéficier d’un reclassement dans une autre enseigne du groupe PPR, dont la Fnac fait partie. Le personnel n’est pas rassuré pour autant : » Avec la crise, on a tendance à s’accrocher à son poste, trop peu seront libérés dans les Fnac, en particulier à Paris, on pourra donc se retrouver à vendre des matelas dans un Conforama en banlieue. Et si nous refusons les offres, c’est le licenciement qui nous attend « .
D’autant que dans une logique de plan social global où 400 suppressions seront effectives, comment reclasser les salariés convenablement ? Du côté de la direction, on s’étonne de l’angoisse des salariés. La seule certitude c’est que : » Le marché du disque est en crise, et qu’il faut y remédier « , avait précisé Fabien Sfez, directeur général de la Fnac France.
Des propositions ignorées
Une liste de propositions fournie à la direction par les salariés a été rejetée en bloc. Parmi les solutions envisagées, l’agrandissement. La surface actuelle, trop petite pour permettre un développement de l’activité, est un des arguments principaux pour la suppression du magasin. » Il y a un emplacement libre, à 500 mètres, rue de Lyon « , argumente Romain Dubois. La Mairie du 11e arrondissement a elle aussi mis les pieds dans le plat, en demandant au ministère de la culture » qu’une discussion soit ouverte sur la possibilité d’étendre la Fnac Bastille dans les locaux de l’Opéra Bastille « , qu’elle occupe actuellement. Mais pour le moment, pas de réponse. Patrick Bloche, maire de l’arrondissement, est également en contact avec la direction de la Fnac afin d’entamer une discussion, dans l’espoir de la faire revenir sur cette » mauvaise décision « . Car le magasin de Bastille, spécialisé dans les disques et DVDs, est le seul grand disquaire de l’est parisien, et un élément important de la vie du quartier.
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Cette mobilisation est un cas particulier dans le contexte plus large de la lutte des salariés de Printemps Pinault Redoute : 1800 postes au total doivent être supprimés.
Dans le cadre de cette protestation, le Pdg François-Henri Pinault avait été retenu pendant une heure dans son taxi par des salariés, à l’issu du comité d’entreprise européen de son groupe le 31 mars. Ces dernières semaines, les magasins Fnac des Champs Elysées et de Saint Lazare ont été bloqués, un moyen pour les salariés d’utiliser le chiffre d’affaire comme moyen de pression. De leur côté, les salariés de la Fnac Bastille espèrent mettre sur pied un concert de soutien, fin mai ou début juin, auquel pourraient participer Daniel Darc ou la Rue Kétanou.
Antoine Cappelle et Cécile Becker
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