Dans son premier clip, “Veux-tu”, Silvère Mainfroy aka Flagalova propose une esthétique léchée, mélangeant bijoux, maquillage et vêtements de créateurs aux couleurs acidulées.
Musicien depuis six ans, Flagalova fait partie d’une cette nouvelle scène électronique parisienne audacieuse et revendicative. A travers sa musique et son pendant visuel, l’artiste questionne la masculinité sans en faire trop. Le vêtement ici encore, semble faire partie intégrante du personnage. Rencontre.
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Est-ce que tu peux te présenter ainsi que ton travail ?
Flagalova – Je m’appelle Silvère, j’habite à Paris et je fais de la musique sous le nom de Flagalova. Mon travail est influencé par la pop culture actuelle et par les musiques électroniques alternatives (ambient, expé, trance, etc.).
Depuis combien de temps produis-tu de la musique ?
J’ai commencé il y a à peu près six ans mais ça fait quatre ans que je produis et mixe sous ce nom.
Dans ton premier clip, on remarque l’importance du vêtement et du maquillage dans l’esthétique recherchée…
Avec les deux réalisateurs du clip (Raphaël Pfeiffer et Louise Primel), on voulait travailler sur une esthétique colorée et dreamy proche de ce que j’avais l’habitude de poster sur Instagram. Mon amie Camille Bodinier, qui est styliste, a réussi à nous dégoter des pièces de créateurs que j’affectionne beaucoup (Arthur Avellano, Neith Nyer). Leurs travaux questionnent notamment le rapport entre le « bon » et le « mauvais gout » mais aussi le genre, des sujets qui prennent sens avec ma musique et ma sensibilité artistique. Le maquillage quant à lui, me passionne depuis plusieurs années maintenant, alors ce clip était l’occasion d’expérimenter sur les couleurs, les textures et les formes. C’est par exemple le cas avec les pochoirs, les fleurs en guise de pinceaux et le gloss.
Quelle masculinité cherches-tu à représenter à travers cet aspect performatif du vêtement ?
Je ne sais pas trop. Ce que je crois c’est que pour l’instant, je ne cherche pas à m’inventer un personnage. Je pense que je cherche juste à me représenter tel que j’aimerais être vu. Je ne suis pas quelqu’un d’extravagant dans la vie de tous les jours. Même si je porte du maquillage et du vernis à ongles, je reste noyé dans la masse avec mes sweats à capuche. Dans la vie, par flemme ou par lâcheté, j’aime représenter une masculinité un peu normative. Alors que dans mon art, dans ma chambre ou sur une scène, il me paraît beaucoup plus facile d’en explorer ces limites. J’aime l’esthétique d’une masculinité complexe et variée. Celle qui joue avec les clichés qu’elle renvoie. Mais pour l’instant, je reste encore très peureux au quotidien.
Quel cadre d’expression représente pour toi la scène électronique parisienne actuelle ?
La scène électronique parisienne, c’est un concept hyper vaste, je ne suis pas sûr de la connaitre entièrement. Je dirais qu’il y en a plusieurs. Chaque scène offre plus ou moins de liberté aux gens qui la côtoient. Moi quand je sors, je veux avoir le choix de m’habiller comme je veux. Et je n’ai pas souvenir d’avoir ressenti de restrictions de la part des clubs. Mais je ne crois pas qu’il y est une vraie exception parisienne. C’est plutôt Paris qui nous restreint. En règle générale, Paris n’a jamais été très open quant à la différence vestimentaire, à l’inverse de Londres et Berlin par exemple. Alors, oui, ça fait toujours plaisir de voir des soirées (notamment queer) qui offre cette liberté. Je pense à la Parkingstone ou à la Coucou par exemple.
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