Début août, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant s’était montré formel. Le vendredi 16 septembre, les prières musulmanes dans les rues du XVIIIe arrondissement allaient devoir cesser. Mais à quoi correspond cette date ?
L’application d’un arrêté municipal ou préfectoral, une nouvelle loi, la fin d’une tolérance informelle ? Le 16 septembre est censé signer la fin des prières dans les rues du Nord de Paris, sans que tout le monde ait bien saisi à quoi correspondait cette date.
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La plupart des médias sont restés vagues sur la question, tandis que 20minutes.fr a été jusqu’à parler de l' »entrée en vigueur« , à Paris ce soir à minuit, de « la loi d’interdiction des prières de rues ».
Les prières de rue ne sont pas « illégales »
Pourtant, comme nous le confirme la préfecture de Paris, aucune loi (ancienne ou récente) n’interdit de prier dans la rue :
« Certes, il y a un trouble à la circulation et à l’ordre public, mais aucune législation spécifique concernant la prière dans la rue, qui n’est donc pas illégale. »
A quoi correspond donc cet ultimatum évoqué par Claude Guéant qui expire ce jeudi soir à minuit ? Le 16 septembre est en réalité la date butoir fixée par le ministre aux discussions entre les associations musulmanes du XVIIIe arrondissement et l’Etat (ministère de l’Intérieur et préfecture de Paris). Date qu’il a choisie lui-même, pour des raisons qu’il n’a pas explicitées.
Les discussions ont trouvé une issue « heureuse » mercredi soir, avec la signature d’une convention de mise à disposition par l’Etat d’un local pouvant accueillir les nombreux fidèles du Nord de Paris. L’ancien secrétaire général de l’Elysée en avait parlé début août, il s’agit d’une ancienne caserne de pompiers située Boulevard Ney qui va être louée (30 000 euros l’année) par les associations musulmanes jusqu’en 2014.
Dans le Figaro, le ministre a versé dans l’autosatisfaction concernant le déroulement des discussions :
« J’ai voulu que cette affaire soit conduite dans la concertation plutôt que par le recours à la force publique (…). Le dialogue qui a été conduit porte ses fruits. »
Le principe de laïcité avant tout
Trois motivations animaient le ministre : mettre fin au trouble de l’ordre public des rues concernées le vendredi, permettre aux fidèles de pratiquer leur culte dans un « lieu digne d’une pratique religieuse« , et enfin, un objectif maintes fois répété par le locataire de la place Beauvau, faire respecter le principe de laïcité.
Malgré cet accord, le ministre continue d’ailleurs à jouer la fermeté, dans le Figaro :
« Je le répète, j’avais dit que la pratique des prières dans la rue devait cesser et elle cessera à la date prévue. Nous pourrions aller jusqu’à l’emploi de la force si nécessaire. »
Du côté de la préfecture, on préfère miser sur l’apaisement, en assurant qu’aucun dispositif particulier n’est prévu pour demain midi : « Nous n’avons aucune raison de croire que les associations cultuelles ne rempliront pas leur partie de la convention. »
Gino Delmas
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