Le temps d’une semaine, François Fillon était le type qui allait débarrasser la France de Sarko. Et puis non !
Au grand marché du spectacle politique, on nous avait vendu un nouveau Fillon, un grand cru : un « hyper-Premier ministre » après la chute de « l’hyperprésident ». François Fillon avait en effet réussi à imposer sa reconduction à Matignon et à former son gouvernement RPR. Le Parisien en a tartiné huit pages, sa vie, son oeuvre, ses fringues. Qui veut du Fillon ? Pas cher…
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Et puis quoi ? Et puis rien. Les commentateurs politiques se sont un peu emballés. A l’Assemblée, François Fillon a déversé un discours de politique générale on ne peut plus classique. Certes les députés ont applaudi, mais rien à voir avec le triomphe annoncé. Aucune petite culotte jetée à la figure de cette rock-star de Fillon. Pas d’émotion, pas de poils qui se hérissent.
Fillon est rassurant, comme un Lexomil
Malgré quelques envolées lyriques, Fillon n’y était pas. On a eu du Premier ministre bien sérieux, bien austère, bien majorité compatible. Il doit une partie de sa nouvelle notoriété aux frasques de l’incontrôlable Président mal élevé.
Quand Sarkozy hérisse le poil des députés UMP, le look province tendance Le Quesnoy de Fillon les rassure, comme un Lexomil. Pour la montée, faudra repasser. L’Assemblée nationale a renouvelé sa confiance à son gouvernement.
A droite, seuls les députés villepinistes se sont abstenus. Daniel Garrigue n’a perçu ni « émancipation » ni « changement significatif ». « Il a un coefficient de sympathie mais ça ne va pas au-delà, ce n’est pas une force politique car il n’a pas de dessein, donc pas de destin », cogne le député de Dordogne.
Le député du Morbihan François Goulard estime que « Fillon, c’est la continuité de la politique de Sarko ». Eric Ciotti, proche de Christian Estrosi, note aussi qu’il « n’y a pas de changement ».
« Simple collaborateur » ou hyper-Premier ministre ?
Pour preuve, « Fillon a cité huit fois le président », précise le député des Alpes-Maritimes (nous, on a compté neuf). Fillon a assumé les réformes et insisté sur la « rigueur », à la différence de Sarkozy. Mais il s’est contenté de répéter les annonces faites par le président quelques jours plus tôt : pas de hausses d’impôts, plan dépendance…
Les centristes ont d’ailleurs pointé leur différence sur certains points, à l’instar du député d’Ille-et-Vilaine Pierre Méhaignerie : « Ne pas augmenter les taux d’impôts si on veut ramener le déficit à 3 % me paraît dif-ficile, de même, je ne suis pas sûr qu’il faille retourner sur le domaine de la justice, laissons les magistrats tranquilles… »
« Fillon est vraiment dans son rôle de Premier ministre », estime pour sa part un autre député des Alpes-Maritimes Lionnel Luca. Pas si mal après avoir été traité pendant trois ans de « simple collaborateur » par Nicolas Sarkozy.
La filloniste Valérie Rosso-Debord résume : « On a dit que c’était une petite chose, puis un hyper-Premier ministre, la vérité est au milieu. »
Pour elle, l’essentiel réside dans « la dream team Sarko, Fillon, Copé ».
Un Jean-François Copé super à la coule pendant le discours de Fillon, qui lisait et discutait ostensiblement avec sa voisine. Une façon de signaler que le nouveau patron de la machine UMP n’a pas grandchose à craindre de « l’hyper-Premier ministre » pour ses ambitions présidentielles.
Anne Laffeter
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