Le quotidien « Le Monde » et la chaîne « France 2 » ont eu accès à un fichier dans lequel plus de 200 personnes (journalistes, politiques) étaient classées en fonction de leur soutien pour l’entreprise Monsanto et pour le glyphosate.
Ségolène Royal, Marisol Touraine, Xavier Bertrand, mais aussi des journalistes du Monde, de France Inter, de l’AFP, du Parisien… Tous ces noms apparaissent dans le « fichier Monsanto » dont l’existence a été révélée par Le Monde et France 2 ce jeudi. Le fichier date de 2016 et a été créé par Fleishman-Hillard, un cabinet de lobbying et de relations publiques. Il contient notamment les coordonnées de toutes ces personnes et leur opinion présumée sur Monsanto et le glyphosate, ce qui constitue une infraction à la loi.
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🔴 Révélations France 2 – Elus, hauts fonctionnaires, journalistes… Ils auraient été fichés et notés en fonction de leur degré de soutien à #Monsanto. Même Ségolène Royal, alors ministre de l'Environnement. Elle est dite "à marginaliser". pic.twitter.com/LXZ5LbaCWo
— Info France 2 (@infofrance2) May 9, 2019
Ce fichier a été créé à la fin de l’année 2016, quelques mois avant que l’Union Européenne vote pour le renouvellement de l’autorisation du glyphosate en novembre 2017. Il contient deux tableaux. Un premier tableau classe les personnalités en fonction de leur crédibilité et leur opinion sur des thèmes proches de Monsanto : pesticides, OGM, agriculture. Les personnes présentes dans le fichier ont reçu une note allant de 1 à 5 pour définir si elles étaient considérées comme crédibles auprès de l’opinion publique et une autre note pour évaluer leur soutien envers l’entreprise – 1 correspondant à « fortement/ouvertement opposé » et 5 « fortement/ouvertement favorable », d’après Le Monde.
“A surveiller” ou “à recruter”
Le deuxième tableau fonctionne avec un code couleur qui définit si les personnalités sont des « alliés », des « alliés potentiels à recruter », des « parties prenantes à éduquer » ou bien des « parties prenantes à surveiller ». Il est également indiqué comment aborder ces personnes et qui elles pourraient influencer en retour. Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France ex-LR, apparaît comme « allié potentiel » bien qu’il ait déclaré au Monde n’avoir jamais été sollicité par la firme. Quant à Ségolène Royal et Marisol Touraine, ministres à l’époque de l’Environnement et de la Santé, elles sont étiquetées « à surveiller ». Cela n’étonne pas beaucoup Marisol Touraine, interrogée par Le Monde, de figurer dans un tel fichier. En revanche, Ségolène Royal a dit trouver cela « pervers » et « condamnable ».
Le Monde a contacté de nombreuses personnes apparaissant dans ce fichier et aucune n’était au courant de son existence. Cet élément rend la démarche illégale car d’après le code pénal, toute base de données « faisant apparaître les opinions politiques et philosophiques d’une personne sans son consentement » est interdite. Ainsi, Le Monde et son journaliste de la rubrique « Planète » Stéphane Foucard ont porté plainte contre X auprès du parquet de Paris le 26 avril après la découverte de ce document.
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