Au goulag ou dans les camps nazis ou japonais durant la Seconde Guerre mondiale, des prisonniers ont rédigé des recettes de cuisine.
Ecrire quand la faim, le froid, la peur vous tenaillent, résister d’un mot, griffonné sur quelque feuille froissée, à l’entreprise d’anéantissement des systèmes concentrationnaires… Aussi désespéré soit-il, le phénomène ne surprend plus.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
On sait que des centaines de poèmes furent écrits, au cours de leur détention, par des déportés des camps nazis. Ce que l’on sait moins, c’est que parmi ces traces témoignant de leur calvaire, figurent aussi des milliers de recettes de cuisine rédigées la faim au ventre sur des carnets de fortune.
“On se gavait de festins de mots parce qu’on crevait de faim”
Quel incroyable effort d’imagination faut-il pour arriver à concevoir des menus imaginaires, quand tout autour de soi tend à vous déshumaniser, et quand de ces aliments on ne sait même plus la saveur ? “On se gavait de festins de mots parce qu’on crevait de faim”, se souvient André, un ancien prisonnier. Ces salutaires moments de communion et de cuisine virtuelle ne furent pas seulement le lot de camps nazis mais se sont aussi produits au goulag russe.
Lents travellings sur ces manuscrits et ces reliques en tissu, voix chuchotantes, psalmodiant les noms de plats, pieusement consignés… Par ce sobre dispositif, Anne Georget met en lumière le caractère quasi sacré et universel de ces écrits.
Organisés, classifiés, mais empreints de toute une mémoire familiale, sans doute ont-ils permis à leurs auteurs, privés de tout, de retrouver un peu de sens, et d’humanité dans cet univers de chaos et de violence.
Festins imaginaires documentaire d’Anne Georget. Jeudi 5, 22 h 45, Planète+
{"type":"Banniere-Basse"}