Le géant du web a brutalement fermé six audioblogs. Le tenancier de My Old Kentucky Blog réagit pour les Inrocks à ce coup de force.
En quelques jours, six des blogs musicaux les plus influents (Living Ears, Pop Tarts, Masala, It’s a Rap, I Rock Cleveland, et To Die By Your Side) ont été brutalement effacé de Blogger, la plateforme de blog de Google.
Un message lapidaire est envoyé aux tenanciers : « Nous vous informons que nous avons reçu une nouvelle plainte concernant votre blog. Après vérification de votre compte, nous avons remarqué que vous aviez violé à plusieurs reprises les conditions d’utilisation. » Le blog est supprimé sine die, et tous les articles, données et archives accumulés au fur et à mesure des années partent en fumée.
Coup dur pour les six blogs dézingués, dont certains entretenaient pourtant d’excellentes relations avec l’industrie de la musique. A la tête d’I Rock Cleveland, Bill Lipold explique en effet immédiatement sur le site du Guardian que la majorité des posts publiés sur son blog émanaient des maisons de disques ou des artistes eux-mêmes.
Google répond en se cachant derrière le Digital Millenium Copyright Act (DMCA), équivalent américain de notre Dadvsi, qui protège les droits d’auteur. Mais parmi la communauté des bloggeurs, c’est l’incompréhension : des blogs avaient déjà été fermés ces derniers mois, mais la suppression de ces six blogs semble poser des questions qui vont au-delà des simples problèmes de droits d’auteur.
Pour Dodge MOKB, qui tient My Old Kentucky Blog et se fait aujourd’hui le porte-parole des bloggeurs musicaux, le coup de Google est un avertissement lancé à « ceux qui avaient un comportement un peu flou vis-à-vis de la loi ».
Il poursuit : « Tous les blogs musicaux sont en effet dans une situation compliquée au regard des règles fixées par la DMCA. Et si l’on ne fait pas attention, on tombe vite dans l’illégalité. Plusieurs fois des blogs se sont opposés juridiquement à des décisions de la DMCA, et l’ont d’ailleurs emporté. Mais c’est un travail permanent et en effet parfois les blogs oublient de faire le job. Mais de là à les supprimer aussi brutalement. »
Pour Dodge MOKB, cette éviction est une mise en garde : « Google a voulu faire peur à tous les bloggeurs qui jouaient avec le feu. Je ne crois pas qu’il y ait eu de pression de la part de l’industrie musicale. Simplement, Google a voulu jouer au bon élève, montrer que le respect des lois était une valeur forte. »
Un « effet d’annonce » qui intervient au moment où Google est mis en danger, dans plusieurs pays du monde, pour sa politique un peu douteuse de numérisation de certaines œuvres.
« Google sait qu’il est également dans le collimateur pour certaines de ses activités. C’était juste une façon de reprendre la main dans un débat qui est loin d’être tranché. Je pense que les six blogs en question pourront rapidement retrouver leur activité, tout cela n’est qu’une péripétie », conclut Dodge MOKB.