Le pure player féministe ChEEK Magazine a lancé, mardi 8 novembre, une campagne de financement participatif sur Ulule. L’objectif ? Pouvoir se développer, organiser des événements et continuer à « parler des femmes pour ce qu’elles font et pas pour ce qu’elles sont ».
Christine and the Queens, Hillary Clinton, Beyoncé et Michelle Obama. Les quatre femmes joignent leurs forces sous le coup de crayon de Louison pour présenter la campagne de crowdfunding « Feminism is coming » (« Le féminisme est en marche ») lancée par ChEEk Magazine.
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Feminism is so coming !
Surtout si vous apportez votre pierre à l’édifice ;) https://t.co/yIbVnjjjSJ @MagazineCheek https://t.co/RqNbsGaeW0— Cécile Guéry-Riquier (@CecileGuery) 8 novembre 2016
Le pureplayer féministe, qui fête cette année trois ans d’existence, a décidé de faire appel à ses 300 000 lecteurs et lectrices mensuels pour se développer. Mais surtout, pour faire face aux difficultés liées au modèle économique d’un média en ligne entièrement gratuit.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le slogan de la cagnotte travestit le célèbre « Winter is coming » de Jon Snow dans Game of Thrones, souligne l’une des trois fondatrices de ChEEk Myriam Levain :
« Nous avons appelé la campagne de financement « Feminism is coming » car l’équipe est fan de Game of Thrones. On trouvait sympa de faire cette allusion comme la pop culture fait partie de notre ADN. On pense également que le féminisme est vraiment en train de se développer dans la société. Il se développe lentement, mais il existe aujourd’hui une vraie prise de conscience des femmes et des hommes qu’il faut faire quelque chose. »
Parler des femmes pour ce qu’elles font
ChEEk Magazine naît de l’esprit de trois anciennes journalistes de Be. Faustine Kopiewjski, Myriam Levain et Julia Tissier, lassées de voir les articles de mode prendre plus d’importance que ceux de société dans un magazine qu’elles apprécient, discutent souvent, à l’heure de l’apéro, de monter leur propre média. Un média qui privilégierait société et culture.
Un plan de départ, au moment du changement de la formule du magazine, pousse les trois collègues à se lancer. Le projet est en gestation pendant un an. ChEEk Magazine voit enfin le jour en 2013. Le nom fait référence à plusieurs jeux de mots, rigole Julia Tissier : « Cheek veut dire impertinent en anglais, rime avec Geek, fait penser au mot ‘chic’ en français, et quand il est écrit ‘chick’ signifie fille. On a donc appelé le média comme ça ! »
Le pureplayer a pour ambition de « parler des femmes pour ce qu’elles font et pas pour ce qu’elles sont ». Il met régulièrement en lumière de nouvelles figures féminines, comme la chanteuse Clara Luciani dernièrement, qui jouera au festival Inrocks :
« Notre boulot de journaliste consiste à aller chercher les gens qui ne sont pas encore connus, les « Christine and the Queens » et « Rihanna » de demain, souligne Myriam Levain. Dans les précédentes publications où on a travaillé, comme Le Parisien ou Libération, on a beaucoup souffert du suivisme, c’est-à-dire le fait que tous les journaux traitent la même information et n’osent pas se pencher sur une personne qui n’est pas assez connue. »
Féminisme, ce mot qui fait peur
Le pure player essaie de démocratiser, à son échelle, la notion de féminisme. Il se concentre autour de certaines figures pop, telles que Lena Dunham et Emma Watson, qui se servent de leur notoriété pour faire avancer la cause des femmes. Leurs discours parlent aussi bien aux femmes qu’aux hommes, tout comme les articles de ChEEk, dont 20% des fans sur Facebook sont des hommes.
Myriam Levain note avec justesse que le féminisme est aujourd’hui un « mot qui fait peur », alors que beaucoup de personnes sont féministes sans même le savoir :
« Le féminisme est un mot connoté, il y a beaucoup de clichés qui lui sont attachés. On essaie de faire changer ce phénomène, d’intéresser des gens qui ne se revendiquent pas féministes, ou qui sont féministes sans le savoir. Être féministe c’est simplement vouloir l’égalité entre les hommes et les femmes, à commencer par être payés pareil pour le même job par exemple. Être féministe ce n’est pas vouloir émasculer les hommes. Au contraire, dans notre génération, on voit qu’il y a une vraie prise de conscience des mecs aussi. Le combat se fait avec eux. Les hommes aussi ont des injonctions à la virilité qui leur pèsent beaucoup. »
Une multitude de projets
ChEEK a donc décidé de créer sa campagne Ulule pour continuer à parler féminisme au plus grand nombre. Le pure player veut notamment pouvoir publier, chaque semaine, une longue enquête sur un thème d’actualité qui concerne les femmes millennials en France ou ailleurs dans le monde.
La cagnotte servira également à mettre en place des événements inédits, comme un book club, inspiré du club de lecture féministe lancé par Emma Watson. Les internautes pourront aussi rencontrer les personnalités présentes sur le site autour de conférences. Le pureplayer a, par exemple, convié les journalistes Clarence Edgard-Rosa et Eloïse Bouton à la soirée de lancement de la cagnotte, organisée au bar l’Impasse le 8 novembre. Les deux invitées ont pu discuter du thème « Feminism is coming ».
.@Clarence_ER sur la scène de #FeminismIsComing avec @MyriamLevain po…. https://t.co/lFcM9wvCfc pic.twitter.com/fgZNVooH65
— Cheek Magazine (@MagazineCheek) 8 novembre 2016
Une chaine Youtube est aussi dans les tuyaux afin de faire davantage de vidéos en lien avec l’actualité. Le média n’a cependant pas tous les moyens nécessaires pour produire des vidéos de qualité. Des difficultés rencontrées par tous les jeunes média,s analyse Myriam Levain :
« En France, il existe une énorme frilosité au niveau des nouveaux médias. On s’accroche beaucoup au modèle du print alors qu’une partie de la presse papier est morte. On est un peu en retard là-dessus comparé aux anglo-saxons. »
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