Le Samu social est soumis à des restrictions budgétaires. Conséquence : son dernier centre d’hébergement d’urgence accueillant les femmes à Paris ferme aujourd’hui ses portes. Pour dénoncer la précarisation sociale, une manifestation a eu lieu mercredi soir.
Jusqu’alors, le centre Yves Garrel, dans le XIe arrondissement de Paris, réservait 38 places aux femmes. Soumis à des restrictions budgétaires par l’Etat, cette antenne du Samu social est désormais contrainte de fermer. Or, c’était le seul dans la capitale à accueillir des femmes en situation d’urgence.
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Selon un communiqué mis en ligne cette semaine, ce foyer logeait également 57 hommes.
« Les locaux vétustes étaient mis à disposition par la Ville de Paris. En attendant la construction d’ici quatre ou cinq ans d’un nouveau centre, un bâtiment provisoire a été trouvé dans le XVe arrondissement pour accueillir les hommes. En revanche, l’Etat refuse de financer un centre pour les femmes. »
C’est donc pour tirer la sonnette d’alarme qu’une manifestation a eu lieu mercredi soir. Devant le centre, une cinquantaine de personnes sont venues banderoles et haut parleur à la main. Membres d’associations féministes et du Samu social se sont succédés pour dire leur mécontentement ou tout simplement pour partager leurs expériences. « Le Samu social est financé à 93% par l’Etat. Avec une diminution de cette aide, les centres d’urgence vont fermer les uns après les autres« , commence Suzy Rotjman, porte parole du Collectif national pour le droit des Femmes (CNDF). Un bénévole du Samu social précise que les femmes seront envoyées dans des hôtels ou dans d’autres associations.
« Certes, les hommes sont relogés, mais il n’y a plus de places pour les femmes. Elles risquent de se retrouver dans une situation précaire. Et cela concerne aussi des personnes victimes de violence conjugale », explique Mme Rotjman.
Si le 115 (numéro d’urgence du Samu social) est en crise à cause du manque de moyens, l’hébergement des sans-abris à l’hôtel fait lui aussi l’objet de restrictions budgétaires, à hauteur de 25%. « Tout le système est en danger, parce que l’urgence sociale est un concept que personne n’accepte », déplore Xavier Emmanuelli, l’ex-ministre de Jacques Chirac chargé de l’Action humanitaire d’urgence.
Appel à la résistance
Mercredi, aux alentours de 19 heures, Jean-Yves Cottin du Comité des sans-logis, a appelé les résidents à rejoindre la « résistance ».
« Dans les années 1990, il y avait déjà ce genre de problème au Samu social et nous avons lutté contre la fermeture d’un foyer de filles à Paris. Ce fut un grand succès. Il faut que les femmes résistent. C’est de l’intérieur que ça se passe », précise-t-il avec enthousiasme.
Dans la rue, les militants se mobilisent bruyamment. Mais derrière la façade, c’est le silence. Les personnes concernées ne manifestent pas. Discrète, sur le côté, Samira vit là depuis plusieurs mois. Pour elle, la mobilisation est inutile : « Tout est déjà joué d’avance. Ca ne sert à rien de manifester. »
La rénovation du bâtiment aura lieu comme prévu et les occupants vont quitter les lieux avant le 1er juillet.
Laura Adolphe
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