Les séries américaines dans son salon le lendemain de leur diffusion aux Etats-Unis de façon légale, c’est possible. Mais quel intérêt et quel avenir ?
C’est devenu une habitude. Certaines chaînes françaises proposent sur leurs sites de VOD (et parfois à la demande directement sur la télé) des épisodes de séries américaines le lendemain de la diffusion originale, avec sous-titres français. Ce qui veut dire qu’à Montceau-les-Mines, on peut vivre à l’heure de New York City, ou presque, et regarder tranquillou l’épisode de Dr House de la veille. Le tout en payant le prix de deux pains au chocolat tout chauds, soit 1,99 euro – un peu moins si on achète plusieurs épisodes.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
L’internaute prêt à offrir sa carte bleue en sacrifice peut tenter MyTF1VOD.fr. Car dans le monde parallèle des séries payantes sur internet, TF1 se trouve à la pointe. Si les meilleures trouvailles de la rentrée (Boss, Homeland, Prime Suspect, New Girl) sont absentes, on peut jeter un oeil à la toute neuve Person of Interest, production J. J. Abrams qui surfe sur l’après-11 Septembre, avec Michael Emerson, l’ex-Ben Linus de Lost. Pour le reste, My TF1VOD aide à rester à jour sur Esprits criminels (saison 7), Nikita (saison 2), Grey’s Anatomy (saison 8), Vampire Diaries (saison 3), The Mentalist (saison 4) Les Experts (saison 2516, blague), Gossip Girl (saison 5) et donc Dr House (saison 8).
Infinity, une sorte de Netflix à la française
France Télévisions a mis un orteil dans la place en proposant depuis septembre la saison 4 inédite de la banale Castle sur Francetvod.fr, toujours 1,99 euro l’épisode. Plus original, Orange cinéma séries permet à ses abonnés de regarder le premier épisode de la saison 2 de The Walking Dead avant diffusion dans quelques semaines. M6 propose un pack à 5,99 euros par mois, qui ne concerne pas les nouveautés.
De son côté, Canalplay, site VOD de Canal+, s’apprête à lancer « Infinity » le 8 novembre. Une offre à 9,99 euros qui inclut des films et de nombreuses séries, y compris celles que Canal+ ne diffuse pas. Infinity se veut une sorte de Netflix (géant US de la SVOD, soit la VOD par souscription, 24 millions d’abonnés) à la française. Mais les nouveautés restent hors course. Pour les plus pressés, les abonnés 5 étoiles de Canal+ (45 euros par mois) ont un accès à la demande aux nouveaux épisodes de Dexter, Shameless ou Desperate Housewives quasi en direct. Là encore, il faut payer. Cher.
L’alternative légale au piratage reste une idée théorique
Longtemps, le discours concernant ces offres a été simple : il fallait contrer les pirates sur leur terrain. Un argument peu opérant. L’internaute de Montceau-les-Mines n’a toujours pas intérêt à sacrifier ses pains au chocolat au profit de séries qu’il peut obtenir par d’autres moyens, pour quelques fautes d’orthographe en plus dans les sous-titres… L’alternative légale au piratage reste une idée théorique. Il est même permis de se demander si toute cette agitation ne serait pas une affaire de marketing. Une machine à buzz.
Globalement peu intéressante économiquement sous sa forme actuelle, la VOD payante en direct des Etats-Unis a peut-être une fonction symbolique et prospective : elle sert à habituer les internautes les plus pointus (ceux qui téléchargent illégalement sont les premiers au courant des offres payantes) à l’idée même de payer. Compliqué ? Un peu. Utile ? A voir.
Le modèle idéal n’étant pas encore né, les paris sur le futur restent incertains et les évolutions, lentes. Alors que le monde audiovisuel français ne parlait que de télé connectée et se préparait à l’arrivée bouleversante de Netflix l’année prochaine, le géant américain vient d’annoncer le gel de son expansion hors USA et Grande-Bretagne après avoir perdu 800 000 abonnés en trois mois et chuté en Bourse. L’accès à un monde infini de séries nouvelles pour quelques euros par mois n’est pas pour demain.
Olivier Joyard
{"type":"Banniere-Basse"}