De plus en plus de clubs new-yorkais interdisent à leurs clients de prendre des photos en soirée. Si certains promettent un retour à une fête sans Facebook ni Instagram, où on écoute la musique plus qu’on se prend en photo, d’autres y voient une politique hypocrite visant à protéger les starlettes.
Marre de voir défiler les selfies de vos potes déchirés en boite les lendemains de cuite? Impossible de danser dans un club sans se retrouver sur le compte Instagram de touristes russes? Clubbers du monde entier, votre calvaire est sur le point de prendre fin. Le retour aux boîtes exclusives où la musique prime sur les photos idiotes est déjà en marche. Après le Berghain berlinois, c’est du côté de New York que la rédemption musicale est à l’oeuvre, de plus en plus de clubs prohibant leurs clients d’utiliser leur smartphone en soirée. The Output à Williamsburg, No. 8 à Chelsea, Sankeys à Midtown… Et même l’antenne new-yorkaise du Baron, la boîte d’André Saraiva, a décidé d’interdire les photos.
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“Si on voit la fête partout, c’est que la fête n’est pas cool”, résume Amy Sacco, la gérante du No. 8, au New York Times. Celle qu’on surnomme “l’impératrice de la nuit”, fondatrice du mythique Bungalow 8 où s’encanaillent starlettes et princesses du gotha, dénonce une “culture des réseaux sociaux négative où chacun cherche les pires photos des autres”.
Le retour de l’hédonisme
Mais là où Sacco doit gérer les retombées médiatiques de ses clients célèbres, et transforme ainsi la règle anti-photo en instrument de communication pour préserver les stars, les clubs comme Output promeuvent, eux, un retour à la fête d’antan, celle où on pouvait se défoncer et faire n’importe quoi sans risquer que les vomis, strip-teases et autres dérapages soient diffusés à grande échelle.
“L’absence de smartphones dans les boîtes de nuit permet aux gens de se lâcher à une époque où des sites web sont entièrement consacrés à dévoiler le stupre” qui règne dans les lieux de la nuit, analyse le journaliste du New York Times, Billy Gray. “Le risque d’être humilié sur Internet empêche les clubbers de se chopper ouvertement ou de se faire des rails”. En interdisant les appareils photo, on permet le retour de l’hédonisme et on laisse Rihanna faire du grand Rihanna. Une idée louable – et surtout rentable pour les clubs.
Hypocrisie des starlettes
L’ennui, c’est qu’une règle pareille est quasiment inapplicable. Et quand elle l’est, on ne peut pas vraiment dire que c’est au nom de l’épicurisme. Comme le commente un client d’Output sur le site du guide urbain Yelp :
“J’aime vraiment l’idée derrière l’interdiction de filmer et photographier en soirée. Profiter de la musique, je comprends. Mais le simple fait que les clubs APPLIQUENT cette règle est révoltant (un des clients a rapporté que les videurs l’ont empêché de partir avant d’avoir effacé toutes les photos qu’il a pris sur son téléphone). Une vaste blague. Ça devrait être une suggestion, rien de plus”.
Autant pour le plaisir de la fête…
Le chroniqueur du NYT, Michael Musto, habitué de la nuit new-yorkaise, critique quant à lui l’hypocrisie des starlettes et de leurs attachés de presse, qui revendiquent une certaine protection tout en alimentant leurs comptes Instagram. “Dans le temps, quand on allait à l’Area ou au Limelight, et qu’il n’y avait pas un essaim de paparazzis prêts à prendre nos photos, on était profondément déprimés”. C’est pareil aujourd’hui : il n’y a qu’à voir l’avalanche de photos que Justin Bieber, Lindsay Lohan, ou Miley Cyrus postent sur leurs propres comptes.
Se priver de publicité gratuite et favoriser les trafics
Alors pourquoi empêcher les milliers de clubbers new-yorkais de faire de la publicité gratuite pour ces établissements sur leurs réseaux sociaux?
“Certains des clubs les plus connus de New York comme 1-OAK, Avenue ou LAVO, se targuent d’obtenir des milliers de check-ins Foursquare et autant de photos sur Instagram ou Facebook. Autant d’outils qui offrent une publicité gratuite à de potentiels clients”, écrit Megan Willett de Business Insider.
Le New York Times suggère un autre problème, d’ordre sécuritaire. En interdisant les photos et les vidéos, les clubs ferment aussi les yeux sur les preuves de l’utilisation de drogues dans leur enceinte. “Le revival de la culture rave des années 1990 a engendré une série d’overdoses dans des festivals de musique comme Electric Zoo à New York, où deux personnes sont mortes l’été dernier, rappelle Billy Gray. Ce n’est peut-être pas ce qui va arriver à l’Output si le club maintient l’interdiction des photos. Mais cela pourrait encourager le vice”.
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