La fashion week homme vient de se terminer à Paris. Voici une sélection de quelques looks et marques, entre street-wear mutant, associations explosive, flamboyance et retour des raves.
Facetasm explose les genres
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Diversité. Voilà ce qui saute aux yeux devant la collection 2017 « Good Morning » de Facetasm. Pour son deuxième défilé parisien, la jeune marque japonaise de streetwear, fondée par Hiromichi Ochiai, a décidé de brouiller les frontières du style et du genre dans une célébration de la diversité qui habite chacune et chacun de nous. Mélanges audacieux de coupes, alliages extravagants de matières, larges anoraks, parties corsetées, capes volantes ont défilé au son d’un Bowie a cappella. La collection met en avant une déstructuration structurelle : celle de Tokyo, celle des identités fluides qui remettent en cause toute tentative de catégorisation ou de standardisation. Une collection où les frontières sexuelles, raciales, entre chic et grunge, tombent : une collection où tout est possible qui invite à sortir dans les rues dès potron minet en délaissant son identité au profit d’un joyeux bordel.
Icosae, classe 80s
Pour cette saison, Icosae nous offre un petit retour dans le temps, aux 80s, à l’époque du punk, du glam et de ses couleurs fétiches : noir, rouge, blanc et argenté. Perfectos, longs par-dessus aux épaules bien larges, patch brodés et détails métallisés ont parfaitement fait écho au décors bétonné des Nuits Fauves. Doc Martens aux pieds, les différents modèles ont quelque chose de martial. Effet contrebalancé par le mouvement des matières – cachemire, laine imprimée, … – qui donne à ses silhouettes une impression fluctuante, des costumes aux vêtements plus streetwear. Le titre de la collection imaginée par les créateurs parisiens Valentin et Florentin Glemarec est d’ailleurs « Blood is thicker than water » : une force exprimée par des lignes aiguisées et pourtant, dans cette épaisseur, demeure une sensation d’effervescence. Ce qui colle plutôt bien à ce parterre où suent les noctambules parisiens.
Pogo et Rave Party pour Dior Homme
© FRANCOIS GUILLOT
Chez Dior, « They should just let us rave » a remplacé le « God save the Queen » des Sex Pistols. Au lieu de punks rendant ironiquement hommage à la Reine, nous avons ici une maison de couture qui s’inspire de la new-wave et des jeunes pogoteurs des rave party, du hardcore, des gabbers. Pour le créateur Kris Van Assche, le challenge a été de se faire rencontrer deux univers : celui de de la silhouette Dior homme, minimaliste, avec une importance accordée aux détails, et celui de la fête, du streetwear, avec des vêtements plus amples. Cette rencontre a donné la collection « HarDior« , qui propose un voyage depuis les 80s avec des couleurs chères au créateur belge (noir, rouge, blanc) vers les 90s, avec des fourrures bleues turquoise, des manteaux orange vif qui rappelle les doublures des bombers. En somme, il y a beaucoup d’inspiration musicale et de références à la jeunesse, mais le résultat est d’une grande cohérence, dans chaque tenue et sur l’ensemble de la collection. À coups sûrs, « There will be noise complaints » comme le proclame un pull qui défilait à Paris.
Hype supreme pour Louis Vuitton
D’abord simple rumeur qui traduisait le rêve ultime des cools-kids les plus fortunés, la très (in)attendue collaboration entre deux des marques les plus iconiques du monde aura marquée au fer rouge cette FW17. Qu’il s’agisse d’un des pairing les plus importants de l’histoire de la mode ou non, il se peut cette collab’ vienne briser les quelques briques restantes du mur qui sépare encore la mode et le street-wear. Les pièces sur lesquelles se côtoient de manière hyper ostentatoire les logos mythiques des deux marques sont bien évidemment les plus marquantes de la collection. D’autant que celles-ci, qui poussent déjà un peu plus loin la question de l’authenticité centrale pour les deux marques, sont accompagnées par toute une série d’accessoires reprenant les pièces phares du marché de la contrefaçon. Une manière de rendre à César ce qui est à César… Une manière aussi d’entourer d’un voile frais de hype ce qui est depuis longtemps tombé dans le domaine de la street culture, quand ce n’est pas du mauvais goût…
Utilitarisme et libellule pour OAMC
Symbole de l’alliance discrète entre l’héritage street-wear et la technicité de la mode, la jeune marque OAMC – fondée en 2013 par l’ancien styliste principal de Supreme Luke Meier et un ancien boss de Carhartt Arnaud Faeh -, présentait son premier show mercredi dans le hall de la faculté de pharmacie de Paris.
Une fois traversés les flashs stroboscopiques calés sur (l’arythmie de) la puissante introduction musicale, les premiers mannequins dévoilent une collection sobre, sombre, technique et élégante. Basée selon Luke Meier sur le vestiaire masculin du soir, celui-ci est revisité à travers une série de détails couture d’inspiration militaire. Chacune des pièces ou presque, d’abord pensée pour le confort à l’instar des gilets matelassées, des larges pantalons d’inspiration sportive ou des parkas à col ample, est customisée grâce à des ouvertures et des détails originaux : sangles, fermetures à glissière métallique, zip dans le dos, poches latérales, et ouvertures en forme de libellule… L’élégance des coupes et des tissus, alliée à ces détails qui redonnent aux vêtements une dimension utilitaire, forme un ensemble plein de contraste qui nous convainc une fois de plus de l’avenir radieux mais jamais lisse qui se dessine pour la marque.
Vetements joue avec les « Stéréotypes »…
Alors que nous avons pu voir défiler un nombre croissant de marques, de maisons, célébrant la déstandardisation et le brouillage des genres (autant des styles que des individus), le collectif Vetements fait un tout autre pari : assumer les « stéréotypes », ceux de tous les jours, de chacune et chacun d’entre nous, de la « secrétaire » à l’ « emo kid » en passant par la grand-mère en vison. Se sont suivis dans le hall d’entrée du Centre Pompidou, des mannequins de tous âges, toutes celles et tous ceux que nous pouvons croiser dans la rue, un casque de scooter à la main. Il faut un oeil exercé pour voir que toutes les pièces présentées ici ont bien leur place dans cette fashion week haute couture. Les stylistes de Vetements, et les deux frères à leurs têtes, Demna et Guram Gvasalia, interrogent donc eux aussi les identités, mais par un biais qu’il faut bien qualifier d’ironique voire de cynique. Ironie que nous avions déjà croisée lors du défilé Bellanciaga où Demna Gvasalia avait détourné le logo de campagne de Bernie Sanders. Il est de plus en plus clair que la mode jouant avec les identités joue en fait avec la politique. L’ironie se lie à l’hommage, l’hommage à la contestation. Mais jusqu’où cette ironie est-elle bienvenue ?
Marginalité flamboyante chez Rick Owens
Menswear Fall Winter 2017 Collection in Paris
NYTCREDIT: Gio Staiano / NOWFASHION
Il avait intitulé sa nouvelle collection « Glitter », en référence « aux années 70 qui ont célébré l’immortalité, la transgression, la libération sexuelle et le non-conformisme flamboyant », marquant ainsi une rupture avec ses collections passées, inspirées par l’écologie. Mais chez Rick Owens, pas de paillettes pour autant : des pantalons qui trainent au sol, du noir, des couleurs ocres, antiques et de garçons zombies incroyablement poétiques. Calfeutrés dans leur silhouette oversize ( Annette Messager et Jeff Koons n’étaient pas loin) conçue, avec ses couches superposées et ses ouvertures zippées, comme un cocon autosuffisant et protecteur, ils semblaient armés pour affronter le monde, pleins de leur différence.
Le luxe intemporel chez Hermès
Pilotée par Véronique Nichanian, la maison Hermès qui défilait pour la première fois dans l’entrée somptueuse de la salle Pleyel déployait avec maestria son idée d’un vestiaire intemporel. Sous les yeux d’un Peter Saville attentif, elle projetait une silhouette fluide et élégante, qui s’autorisait avec décontraction quelque incursions vers le sportswear et les années 90, confirmant le retour en grâce d’un accessoire banni de longues années par la mode : la banane.
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