Cette semaine l’homme défile à paris pour l’automne Hiver 2016-2017. Chaque jour les Inrocks style sélectionnent et décryptent les shows préférés de la rédaction.
La artschool streetwear et métissée AVOC
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Un vieil entrepôt en béton éclairé par des néons, un rythme techno acid qui vire jungle : Fondé par Bastien Laurent et Laura Do l’atelier Avoc ( pour architecture vestimentaire et ornement corporel), qui marquait le vrai début de la fashion week homme ce mercredi à 11 h du mat’ fit d’emblée voler les repères spatio-temporels. On n’était plus à Paris frigorifié à 11 h du mat mais dans une rave improvisée par un gang d’étudiants arty à New York ou Berlin. Dédié aux « natural born pirates », le show confirmait tout le bien que l’on pense de ce label, qui invente un vestiaire masculin de tous les jours, portable fonctionnel et confortable, qui pourrait être un équivalent contemporain du APC des débuts en plus arty et pointu. Chaussées de Nike iridescentes ( une grosse tendance de saison) ou de classiques Air force blanches, la art school métissée défile masquée (les mannequins portent des masques de dictateurs Putine, Hussein ou .. Dark Vador) en pantalons amples en flanelle, kimonos, ou encore emmitouflé dans parka mods lie de vin repimpé- une des plus belle pièce de la collection. Parmi les quelques filles qui font partie du casting, la beauté androgyne d’Agathe Rousselle, it girl du moment.
Le skin-streetwear couture d’OAMC
On enchainait tout de go gare de l’est à la présentation OAMC, label fondé il y a cinq ans par le canadien Luc Meir qui défilait pour la première fois dans la semaine de la mode parisienne. Très aboutie, la collection est inspirée par la jeunesse, l’aviation,, la nature et les oiseaux ( présents dans les imprimés, dans le détail d’un bijou). Palpable esthétiquement dans les coupes et modèles ( le bomber jacket MA 1, le motif camouflage, les grandes parkas, les rangers revisités) l’influence militaire s’exprime également dans la composition des vêtements : Meir dit s’être inspirée de la technologie déployée par l’armée dans la construction des parachutes et avoir utilisé des paracorde dans certaines pièces. Ancien DA de Supreme Meier fait avec maestria la démonstration d’un skin-streetwear de luxe, ultrafonctionnel et désirable.
Le fétichisme gender fluide d’Y project
Au Gibus, Glenn Martens pour Y project (la marque fondée par l’aujourd’hui disparu Yohann Serfati) produisit un show nocturne, décadent, fétichiste à mi chemin entre Nosferatu, Matrix et Fassbinder -époque Le Droit du plus fort. Sur une bande son qui oscillait entre sonorités indus et bigbeat à la Prodigy et projetait un imaginaire nineties, les silhouettes donnaient tantôt la sensation d’être en Allemagne au début des années 70 (le total look jean, le trench en cuir orange), tantôt projeté dans une scène de Matrix (les chaussures futuristes, certaines silhouettes goth-médiévales), ou parfois en train de boire des coups dans un bar de vampire avec Eric (le personnage joué par Alexander Sasgaard et ses potes). Ici les manteaux ( en harris tweed) trainent par terre, on porte ses jeans trop long, tirbouchonnant sur la chaussure, seuls ou surmontés d’un pantalon chap de cowboy pour une allure Tom of Finland couture. Présentes également dans le défilé, les femmes Y Project sont puissantes, un poil SM, en robe de velours et ceinture enserrant la taille ou le cou. Verdict : un show gendre-fluide, parfois un poil disparate, subversif et stimulant.
Teenage mélancolie chez Raf Simons
Le plus beau show de cette première journée fut signé par Raf Simons, qui, libéré de ses obligations chez Dior, faisait la démonstration de sa puissance et de son effervescence créative. Sur le coup de 21 heures, le Belge recevait dans un immense labyrinthe faits de grands panneaux de bois. Le public était invité à s’y promener à s’installer où bon lui semblait. Suivant une ligne noire, les mannequins se déplaçaient très lentement à l’intérieur du labyrinthe au rythme nonchalant, sucré et inquiétant du Twin Peaks de Badalamenti composé pour le film de Lynch. Blue Moon d’Elvis enchainait. Une bande son en parfaite cohérence avec le propos du show. Car c’est bien d’adolescence, de jeunesse, d’Amérique fantasmée et de mélancolie dont il était question ici. Avec une science du contraste et des proportions parfaite, Simons déploya sa bande de teenagers sombres, emmitouflés dans des manteaux ou doudounes XXL, des pull college oversize dont le col en V semblait avoir été déchiré ou retaillé au ciseau et qui descendaient jusqu’aux genoux, des manches exagérément longues. Les pantalons eux étaient serrés et s’arrêtaient à mi-mollet. Aux pieds des converse et des chaussettes de tennis ou de baseball blanche aux rayures tricolores ou d’élégantes boots noires. On en redemande.
Géraldine Sarratia
@gsarratia
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