Proenza Schouler, Thom Browne ou encore Rodarte… Nombreuses sont les griffes américaines à lorgner sur l’élégance et le rayonnement de la fashion week parisienne pour délaisser leur ville d’origine. En réaction à cet exode, les designers new yorkais semblent déterminés à appâter les médias et buzzer au maximum pour faire pencher la balance de leur […]
Les likes et les retweets sont-ils un indicateur de succès ? La fashion week de New York s’est visiblement posée la question à l’occasion de la présentation des collections été 2018.
Proenza Schouler, Thom Browne ou encore Rodarte… Nombreuses sont les griffes américaines à lorgner sur l’élégance et le rayonnement de la fashion week parisienne pour délaisser leur ville d’origine. En réaction à cet exode, les designers new yorkais semblent déterminés à appâter les médias et buzzer au maximum pour faire pencher la balance de leur côté.
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Tape à l’œil et hypersexualisation
Après un défilé flamboyant (fuchsia, jaune canari et bleu roi se sont côtoyés sur le podium), Tom Ford a convié ses invités au Park Avenue Armory à un aftershow haut en couleurs, lui aussi. Virgil Abloh (DJ et créateur d’Off-White) officiait aux platines tandis que des serveurs torses nus, couverts d’un simple mini short, chaussettes de sport et baskets aux pieds, distribuaient burgers et boissons.
Le créateur Philipp Plein a, de son côté aussi, fait les choses en grand (mais pas dans la subtilité). Ouverture du show avec un strip tease de Dita Von Teese remuant ses gambettes dans un verre de cocktail géant et concert du rappeur Future lové dans une doudoune XXL argentée. Du côté de la collection, talons aiguilles, inspirations SM (des princesses Disney ligotées et bâillonnées en imprimé sur des t-shirts, sangles en cuir et tresses ultra longues manipulées façon martinet), détails bling à souhait et jeans délavés.
https://www.instagram.com/p/BY5kMXtl8oi/?taken-by=philippplein78
Ruée vers le like
Ambiance festival au défilé Alexander Wang, où les mannequins sont sortis au compte-goutte d’un bus arrêté dans une rue sombre du quartier de Bushwick. Le créateur new yorkais n’a rien laissé au hasard et orchestré une campagne de teasing sans failles (à la limite du matraquage) sur son compte Instagram : une cinquantaine de posts, répartis avant, pendant, et après le défilé. Distribution de bières et de Dunkin Donuts, serre-têtes « Wangover », et casting 2.0 (Kaia Gerber – la fille de Cindy Crawford – Kendall Jenner, Bella Hadid). Un défilé visiblement pensé en termes de potentiel Instagram.
https://www.instagram.com/p/BY7QNK0A0h_/?taken-by=alexanderwangny
Idem chez Ralph Lauren, qui a fait marcher ses mannequins dans le garage de sa prestigieuse demeure située à Bedford, où étaient entreposées les plus belles pièces de sa collection de voitures : Aston Martin, Bugatti et Ferrari aux couleurs criardes. Ou sur le show Fenty x Puma par Rihanna, ouvert par un spectacle de cascades à moto dans un décor de dunes rose bonbon. Les photographes s’en sont également donné à cœur joie au défilé Anna Sui, où les sœurs Hadid, vedettes indétrônables de la fashion week new yorkaise, ont défilé bras dessus bras dessous (50 millions de followers à elles deux).
Si certains voient en cette quête (fructueuse ou non) d’ultra-visibilité un regain d’énergie, la créativité de la fashion week de New York ne vit pourtant pas ses plus beaux jours. Peu de renouvellement dans les collections : même chemisiers façon cow-boy chez Calvin Klein que la saison passée, du cuir, du gris et des détails lingerie chez Alexander Wang. Rien d’inattendu non plus dans les vestes cintrées à épaulettes et top à paillettes signées par Tom Ford.
Nouvelles têtes parmi les têtes d’affiches
Quelque peu éclipsés par ce tsunami médiatique, certains créateurs tirent quand bien même leur épingle du jeu et se différencient en proposant une mode contemporaine, bien pensée mais toujours à rebours de toute forme de facilité et d’idée préconçue. Parmi les quelques noms à retenir…
Féminité casual, influences sportives, patchwork de denim et élégants détails chez Public School, la griffe new-yorkaise créée en 2008 par le duo Dao-Yi et Maxwell Osborne, et lauréate du prix Swarowski en 2013. Un cocktail d’inspirations à l’image de la ville cosmopolite qu’est New York, qui a vu grandir ces deux jeunes créatifs présentés l’un à l’autre par le rappeur P. Diddy. Un show placé sous le signe de la dérision et de la légèreté avec it-bags en plastique et émoticônes tout sourire en patchs sur des sweats.
https://www.instagram.com/p/BY83IqrHMBk/?taken-by=publicschoolnyc
Parmi les duos à suivre, on pense également à Zoe Latta et Mike Eckhaus réunis sous le nom d’Eckhaus Latta dont le défilé a été très remarqué pour son casting éclectique. Se sont succédés sur le podium mannequins de tout âges et toutes origines, ainsi qu’une femme enceinte enveloppée dans une maille rose poudré à pressions laissant entrevoir son ventre bombé. Une collection genderless et créative : palette de couleurs hyper riche, détails pop (surpiqûres oranges, galons et rebords en plumes flashys) et textures variées (mailles lâches, transparence, denim et vinyle). Chez Eckhaus Latta, streetwear et raffinement ne sont pas antinomiques : le col roulé en dentelle crème se porte sous une parka militaire.
Une fashion week marquée également par l’optimisme contagieux de la marque Sies Marjan, créée en 2016. Une collection inspirée du tailoring tout en fluidité et en couleurs. Des associations audacieuses mais raffinées : chemisier vert pistache et 7/8eme rose pale, fourrure bleutée et sandales à talons orange lamé. On se laisserait presque aller à imiter cette bouche corail imprécise qui donne de la lueur aux visages des mannequins.
https://www.instagram.com/p/BYTqyLyHh1q/?taken-by=siesmarjan
A noter également, le nom de Vaquera, jeune marque portée par le quatuor formé par Patric DiCaprio, Bryn Taubensee, David Moses, et Claire Sully. Refusant que leurs créations puissent être catégorisées d’une manière ou d’une autre, ces derniers aspirent à créer, chaque saison, « l’armoire idéale d’une sous culture émergente« . Là encore, exit les distinctions de genre. L’ensemble est ultra créatif avec ce qu’il faut d’excentricité : robe peignoir immaculée portée avec des mocassins crème, patchwork de plaques d’immatriculation vintage en imprimé sur une veste, robe hawaïenne avec nœud XXL sur la poitrine, le tout porté sous un sage trench-coat beige. Cette équipe prometteuse figure sur la liste des finalistes pour le grand prix du CFDA.
https://www.instagram.com/p/BY9oy91HQ-4/?taken-by=vaquera.nyc
https://www.instagram.com/p/BY_Uk16H1mb/?taken-by=vaquera.nyc
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