Quatre journalistes de France Culture proposent une immersion auprès de masculinités familières, quotidiennes – et recueillent une parole intime parfois dérangeante.
Si Les Couilles sur la table explorait la masculinité en interrogeant des intellectuel·les et que Des hommes violents s’intéressait aux cas particuliers d’hommes purgeant une peine pour violences conjugales, Fais parler les hommes, nouveau podcast natif de France Culture, propose une immersion auprès de masculinités familières et quotidiennes.
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Un an après un tour de France durant lequel elles avaient récolté la parole des femmes (Laisse parler les femmes), les quatre cocréatrices ont repris la route afin d’arracher une parole intime à l’endurcissement masculin, à la virilité mutique, à ses expressions galvaudées, déplacées et parfois dérangeantes.
Un tour de France libérateur
D’un troquet d’Épinal à une colonie de vacances en Haute-Savoie, en passant par une école primaire parisienne, le quartier du Mirail à Toulouse, les tours de la Défense et un camping dans le Val-d’Oise, Fais parler les hommes parvient à faire sauter le verrou de la masculinité et libérer un empêchement à explorer les sentiments, la sexualité, le doute, la douleur, la douceur, l’éducation et le genre.
Tout au long des huit épisodes d’une trentaine de minutes, ce podcast compile des témoignages d’hommes de tous âges. Bien qu’il fasse le constat des multiples résistances à la révolution féministe, Fais parler les hommes raconte aussi les prémices d’un profond désir de changement.
Volonté de changer ?
Si la difficulté à se remettre en question reste l’un des principaux freins à un remplacement du masculinisme par le masculisme (mouvement symétrique au féminisme, visant à réinventer la condition masculine pour plus d’égalité), le podcast s’attache à battre en brèche l’idée selon laquelle ils n’auraient pas le désir secret – sans même utiliser le terme à connotation capitaliste d’“intérêt” – d’abandonner leur conditionnement de genre.
Ultra bien réalisé et écrit, il constitue une sorte d’introduction au chantier qui attend les hommes et illustre à merveille une phrase tirée de l’indispensable essai de bell hooks, La Volonté de changer : “Les hommes ne peuvent pas changer s’il n’y a pas de guide pour le changement. […] Ce n’est pas vrai que les hommes ne veulent pas changer. […] Des centaines de milliers d’hommes n’ont même pas commencé à réfléchir sur la façon dont le patriarcat les empêche de se connaître eux-mêmes, de se connecter avec leurs sentiments, d’aimer.”
Fais parler les hommes de Marine Beccarelli, Léa Capuano, Pauline Chanu et Maïwenn Guiziou, sur France Culture.
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