Depuis la révocation du droit à l’avortement dans certains États des États-Unis, Facebook et Instagram sont accusés de supprimer les posts d’information et d’aide aux femmes qui souhaiteraient avorter.
Le 24 juin dernier, la Cour Suprême des États-Unis révoque le droit à l’avortement – garanti depuis 1973 par l’arrêt Roe v. Wade, après que la décision ait fuité quelques semaines auparavant. Face à cette régression historique, une vague de publications voit le jour sur les réseaux sociaux afin de venir en aide aux femmes vivant dans les États où l’avortement est désormais interdit. Parmi les messages d’entraide, nombreux sont ceux à contenir des explications permettant d’obtenir légalement des pilules abortives, ou certaines variantes tels que la mifépristone et le misoprostol, par la poste. Certain·es internautes vont jusqu’à proposer d’envoyer directement des ordonnances aux femmes vivant dans les États où l’avortement n’est plus légal.
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Dimanche 26 juin, Zignal Labs comptabilisait déjà plus de 250 000 mentions de ce type sur les réseaux sociaux. Pourtant, dès les jours suivants la décision de la Cour suprême, nos confrères d’Associated Press dénonçaient, eux, la censure engagée par Meta – entreprise mère de Facebook et Instagram – à l’encontre de ces publications.
Les armes à feu, oui. Les pilules abortives, non
Après avoir rassemblé divers témoignages de censure, l’un des journaliste d’Associated Press teste, lundi 27 juin, le fonctionnement de Meta en publiant sur Facebook un message similaire : “Si vous m’envoyez votre adresse, je vous enverrai des pilules abortives”, écrit-il. Dans la minute, la publication est supprimée et le compte reçoit un avertissement, accusé de violer les normes sur “les armes à feu, les animaux et autres biens réglementés”. Après avoir réécrit le même message, en remplaçant les mots “pilules abortives” par “armes à feu” ou “cannabis”, ce même journaliste constate que la publication reste intact et n’est aucunement considérée comme une violation.
En réponse à un article de Vice, le directeur de la communication de Meta, Andy Stone, a réagi en ces termes sur Twitter : “Les contenus qui essaient d’acheter, de vendre, d’échanger, d’offrir, de demander ou de donner des produits pharmaceutiques ne sont pas autorisés. Les contenus qui permettent de discuter et d’échanger sur la disponibilité et l’accessibilité aux prescriptions médicales sont autorisés. Nous avons découvert des cas d’applications incorrects et nous les corrigeons.”
La sororité contre-attaque
Réseaux sociaux et applications de cycles menstruels espionnés, fausses cliniques abortives, restrictions d’accès aux consultations en télémédecine : l’accès à l’avortement s’avère de plus en plus difficile, voire impossible, dans une importante partie des États-Unis. Toutefois, les femmes n’ont pas dit leur dernier mot. De nombreuses habitantes des États dits progressistes – et du monde entier – proposent déjà aux à celles qui ont besoin d’avorter d’organiser leur voyage, ainsi que de les accueillir. Sur les réseaux sociaux, les messages, vidéos et publications se multiplient, usant de messages plus ou moins codés pour ne pas se faire repérer. “Si quelqu’un a besoin d’un ‘séjour dans les bois’, considérez que vous avez déjà trouvé votre hébergement. J’ai un endroit cozy et sécurisé pour vous relaxer et vous remettre. La saison du camping ici dure 24 semaines. #Roevwade”, écrit ainsi sur TikTok une habitante de Pennsylvanie, nouveau havre de paix pour les femmes ayant besoin d’une IVG.
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