Annoncée depuis une dizaine d’années, l’extension « .xxx » sera bientôt disponible sur Internet. 600 000 sites ont déjà réservé ces noms de domaines destinés aux sites pornographiques.
Alors que le « .fr » dépasse le cap des deux millions de sites, c’est un nouveau nom de domaine qui fait parler de lui : le « .xxx », réservé aux sites pour adultes à contenu pornographique. En mars dernier, l’extension a reçu l’approbation de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), le gestionnaire californien des noms de domaine. Un accord difficile à obtenir car l’organisme avait refusé la proposition il y a cinq ans. Très controversée, la sortie de ces sites d’un « nouveau » genre devraient arriver sur la Toile au cours du mois de septembre.
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Selon une étude américaine menée en 2010, 12% des sites Internet s’adressent aux adultes, plus de 3000 dollars sont dépensés chaque seconde pour la pornographie web, et 34% des usagers tombent involontairement sur des images sulfureuses. Avec le « .xxx », « l’idée initiale est de regrouper l’ensemble des sites pour adultes sous cette extension, permettant de filtrer plus facilement l’accès à ce type de sites au public non autorisé », peut-on lire sur Gandi.net, un des premiers bureaux d’enregistrement de nom de domaine français.
Un succès en devenir ?
Pour obtenir l’extension, il faut répondre à certains critères. Le plus important est évidemment de ne pas viser un public mineur, refuser les spams, ou encore proscrire la pédopornographie. Sur Twitter, l’ICM Register (société à l’origine de la demande) affirme que près de 600 000 sites porno souhaitent d’ores et déjà adopter l’extension « .xxx ». Les très convoités xxx.xxx ou porn.xxx ont déjà été réservés.
Mais attention, la période de pré-ventes et d’enregistrements commence officiellement au mois de septembre. Seuls les propriétaires légaux de marques de l’industrie pornographique et ceux qui souhaitent se protéger du cybersquatting pourront participer à la phase préliminaire de réservation, le prix de base étant de 60 dollars par an.
De cette façon, leurs marques et sociétés seront bloquées, le but étant qu’elles ne « soient utilisées par des personnes tierces qui souhaitent utiliser la notoriété des dites marques et ainsi détourner ou exploiter celle-ci pour l’industrie du sexe », ajoute Gandi.net.
Mais le système inquiète les industriels du sexe. Le prix habituel d’un site en « .com » est en moyenne de 10 euros par an, ce qui peut faire une grande différence quand on détient plusieurs sites du genre. D’autre part, la concurrence est rude : le nom « sex.com » a été acheté aux enchères pour 12 millions de dollars.
Le principe est ainsi le suivant : premier arrivé, premier servi. La société de production française Marc Dorcel a décidé d’acheter toutes les extensions possibles. La peur d’être victime d’une éventuelle utilisation frauduleuse de la marque constitue en effet un argument de vente. « Je n’ai pas envie qu’un autre Dorcel.xxx se balade sur la Toile« , dit Ghislain Faribeault, directeur des opérations et des nouveaux médias chez Marc Dorcel.
Une initiative qui fait polémique
Outre les images sulfureuses, l’industrie du porno en ligne présente de nombreux risques en terme de protection des mineurs. Lui attribuer un domaine spécifique lui permettra certainement de mieux filtrer les films pour adulte et de lutter contre la pédopornographie.
Pourtant, le lancement de cette nouvelle extension ne fait pas l’unanimité. Contre toute attente, certains professionnels du X manifestent leur mécontentement. Aux Etats-Unis, la Free Speech Coalition, une association qui regroupe des industriels du porno, craint que les sites soient obligés d’obtenir un suffixe en « .xxx » et ainsi de donner de l’argent à l’ICM.
Pas de besoin de préciser aussi que les pays religieux contestent la racine Internet dédiée au divertissement du sexe. « L’Inde et de nombreux pays du Moyen Orient se sont déjà opposés à l’octroi de cette extension », rapporte The Economic Times. Les autorités indiennes veulent en effet bloquer l’ensemble des noms de domaine en « .xxx ». Selon la législation indienne, la distribution de contenu pornographique est illégale, sous peine de cinq ans d’emprisonnement.
Ces blocages ainsi que l’obligation de payer le domaine peuvent influer sur le nombre d’enregistrements qui risque de rapidement baisser dès la première année.
Laura Adolphe
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