Trois ans durant, les hebdos ont multiplié les unes sur l’omniprésident pour faire du chiffre. Mais aujourd’hui, Sarko n’a plus la cote. Avec sa couv du 17 juin, Le Point paraît presque héroïque.
Qui aurait imaginé ça il y a trois ans ? Quand Marianne, Le Point, L’Express, Le Nouvel Obs, Paris Match… multipliaient leurs unes sur Sarko. Impossible d’y échapper. On savait tout de lui. Son rapport à l’argent, aux femmes, au pouvoir, aux médias, à Fillon, à Guéant, à Guaino, à l’Amérique ou à l’Afrique.
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Rien de semblable aujourd’hui. Les unes sur les retraites, la santé, les sujets historiques ont pris le relais. Les fans du personnage, façon Le Point, comme les antisarkozystes façon Marianne, tous ont pris la tangente. “La prime qui pouvait s’attacher à Nicolas Sarkozy en une a beaucoup fondu”, reconnaît Michel Richard, numéro deux du Point.
“Il était difficile de l’éviter vu le nombre de domaines dans lequel il s’impliquait. Mais il est vrai qu’aujourd’hui, on le consomme avec plus de modération”, reconnaît Michel Labro, directeur de la rédaction du Nouvel Obs.
“Ça traduit un phénomène d’usure du lectorat et un certain essoufflement du personnage”, analyse Christophe Barbier, patron de L’Express.
« Les lecteurs savent déjà tout »
Sarkozy nous a lassés. Finis la nouveauté, l’effet découverte ou polémique. Le personnage, qu’on l’aime ou qu’on le déteste, a perdu de son attractivité. Quand les hebdomadaires pouvaient espérer dépasser les 100 000 ventes en kiosque en le mettant en première page, ils stagnent aujourd’hui à 75 000.
Même Marianne, le plus virulent des hebdos, a fini par rendre les armes. De janvier à juin 2008, l’hebdo lui consacre dix-huit couvertures. Deux ans plus tard, c’est trois fois moins.
“On ne fait plus de cover sur le personnage Sarkozy, répond Maurice Szafran, directeur de Marianne. Tout a été fait deux ou trois fois par chaque hebdo. Excepté un scoop, aujourd’hui les lecteurs savent déjà tout.”
Nicolas Sarkozy le trop connu ne surprend plus. “Le lectorat ne réagit pas différemment de l’électorat. Nicolas Sarkozy en baisse dans les sondages, ça se retrouve aussi dans les ventes”, ajoute Michel Richard du Point. Trois années dans les ors de l’Elysée et seul son système de gouvernance intrigue encore. “Désormais, il y a une grosse attente pour des sujets qui démontrent la nature du sarkozysme”, poursuit Maurice Szafran.
Seuls Dati et Strauss-Kahn font encore vendre
Une attente renforcée par le nouveau style du Président, tout en retrait. Plus question de s’abîmer sur les gros dossiers ni d’être omniprésent : Nicolas Sarkozy joue la prudence et laisse François Fillon ou Eric Woerth monter au créneau. Sauf que le Premier ministre ne casse pas la baraque. La une du Point “Le Président Fillon”, le 4 mars dernier, avait été largement médiatisée pour un résultat médiocre. Des ventes en baisse de 6% !
Aujourd’hui, seuls deux politiques font encore vendre. Ni Rama Yade,, ni Jean-Louis Borloo auxquels les hebdos se sont attaqués. Mais Rachida Dati et Dominique Strauss-Kahn. L’ex-garde des Sceaux “est politique et quelque chose de plus, résume Christophe Barbier. Elle dépasse sa propre personnalité politique. Mais encore faut-il qu’il y ait une actualité pour qu’on en parle.” Quant à DSK, il permet au Point de maintenir ses ventes à 83 000 exemplaires quand Sarkozy faisait chuter la moyenne de 8% et 3% pour les unes de janvier et mars. Sarkozy derrière Dati et DSK… L’intéressé risque de s’étrangler.
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