Près de 20 % des Allemands de moins de 30 ans ont voté pour des partis marginaux qui affichent leur défiance envers l’Europe et surtout sa monnaie unique.
À l’occasion des élections européennes du 25 mai, les Inrocks sont partis à la rencontre de jeunes Européens. Eurosceptiques ou militants de la gauche radicale, chacun raconte à sa façon les maux de son pays. Aujourd’hui, c’est Philipp Ritz, membre du parti Alternative fuer Deutschland, qui raconte son engagement contre l’euro mais pas contre l’Union.
“On est tous installés dans un train qui s’appelle l’Union européenne, et on continue d’accepter de nouveaux passagers sans savoir où nous allons.” Philipp Ritz est fier de sa formule. Pour cet Allemand trentenaire, il n’y a aucun doute : il faut sortir de la zone euro. Un mantra qu’il répète depuis son inscription au parti Alternative pour l’Allemagne (Alternative für Deustchland en V.O.). Ce militant convaincu a pris la tête de l’organisation jeunesse du parti en février 2014 et entend bien peser sur les élections européennes à grand renfort d’affiches provocatrices.
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Mais qui est donc cet eurosceptique ? Né en 1981 dans la bourgade d’Euskirchen non loin de Cologne, le jeune Philipp prend sa carte à la CDU de Merkel à peine pubère avant de passer chez les libéraux du FDP, comme son père entrepreneur. Il se lance dans des études de management international qui le mène d’Angleterre en Argentine, avant d’intégrer l’industrie pharmaceutique. La crise de 2008 arrive, et avec elle, les deux plans de sauvetage de la Grèce avoisinant un total de 790 milliards d’euros de prêts. L’Allemagne prête à elle seule 30 % de la somme.
Succès électoral aux législatives
“On ne devrait pas avoir une monnaie qui lie entre elles des économies fortes et des économies faibles”, explique Philipp Ritz, lassé de payer pour les autres. Pourquoi ne pas créer plusieurs unions monétaires entre économies équivalentes ? Les puissants (l’Allemagne, Pays-Bas…) ensemble, les dynamiques (France, Autriche…) et les faibles (Grèce, Portugal, Espagne…) entre eux. Dans un pays aussi europhile que l’Allemagne, la suggestion est audacieuse. Mais Ritz n’est pas le seul à regarder au-delà des frontières de la zone euro.
En 2013, le député FDP Frank Schäffler organise un mouvement anti-euro qui devient Alternative für Deutschland. Seulement sept mois après la création du parti, AfD crée la surprise aux législatives allemandes de septembre en frôlant la barre des 5 % nécessaires pour entrer au Bundestag. Comme le soulève la BBC, près de 20 % des Allemands de moins de 30 ans ont voté pour des partis marginaux, dont l’AfD aux législatives, contre 7 % en 2005. Autant dire que la formation dirigée par l’économiste Bernd Lucke, forte de 17 000 membres, a de bons espoirs d’intégrer le Parlement européen avec un score de “6 à 8%”.
Se distinguer de l’extrême droite
“Nos militants sont plutôt des hommes diplômés, qui viennent de la CDU ou du FDP”, explique Philipp Ritz. Junge Alternative rassemble 450 membres de 14 à 35 ans. “Mais nous n’acceptons pas tout le monde”. Il faut dire que le programme anti-euro a tendance à rameuter les Allemands les plus droitiers… “On passe notre temps à se distinguer de l’extrême droite, soupire Ritz. Nous ne voulons pas quitter l’Union européenne mais nous défaire de l’euro et des institutions pour créer une vraie démocratie européenne. En fait nous aimons plus l’Europe que la plupart des partis !”
Mais s’il se distingue du Front national, Philipp Ritz a néanmoins invité le Britannique Nigel Farage, membre du parti d’extrême-droite UKIP, lors d’une conférence de Junge Alternative cet automne. Et il mène campagne sur des thèmes comme la criminalité, le contrôle de l’immigration et l’abrogation des quotas en entreprise. “Nous sommes ouverts d’esprit”, se justifie Ritz.
- « Pour en finir avec la justice molle » : campagne pour renforcer les sanctions judiciaires.
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