Les Britanniques se sont rendus aux urnes jeudi 22 mai. Alors que les premiers résultats indiquent une percée du parti eurosceptique UKIP, les sondages montrent qu’ils souhaitent rester dans l’Union européenne à la condition que le gouvernement de David Cameron réussisse à renégocier le pacte européen.
Sam Walker est un étudiant britannique comme les autres, à ceci près qu’il est europhile. Et même un peu plus : il est fédéraliste. À l’heure où les premières sorties des urnes donnent gagnant le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), l’amour de l’Union européenne est difficile à porter.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
“Pour une raison que je ne m’explique pas, les Britanniques ont l’impression de ne pas faire partie de l’Europe, argumente l’étudiant en droit bioéthique, thésard à l’université de Southampton. Peut-être est-ce dû au fait que les bénéfices de l’Union européenne ne sont pas toujours évidents à voir, alors que les critiques, elles, sont plutôt faciles à faire.”
Et en matière de critiques, on peut rendre hommage à l’UKIP qui sait faire preuve d’imagination. Ainsi des affiches dépeignant José-Manuel Barroso, président de la Commission, en monarque avachi sur une tonne de classeurs, ou encore l’Union Jack en train de brûler et cette simple question en guise de légende : “qui dirige vraiment ce pays ?”
Take back control of our country – vote UKIP on May 22nd pic.twitter.com/pnfaDylAvN
— UKIP (@UKIP) 22 Avril 2014
Destabilisés par la montée de UKIP, le gouvernement conservateur de David Cameron a promis un référendum en 2017 pour quitter l’Union européenne. Et des travaillistes aux libéraux-démocrates, pourtant très pro-européens, l’idée semble avoir fait son chemin. Mais l’opinion publique fluctue : les sondages montrent qu’en cas de renégociation du pacte européen, les Britanniques préfèrent rester dans l’UE. “Cela montre un intérêt certain de la part des Britanniques pour l’Union mais aussi leur inquiétude sur le mode de fonctionnement antidémocratique de l’UE”, note Sam Walker. Principaux griefs : le rôle marginal du Parlement, seule instance élue par les citoyens, face à la puissance du Conseil européen, qui regroupe les chefs d’Etat, et de la Commission dont le président est également nommé par les chefs d’Etat. C’est justement pour parer ce déficit démocratique que Walker souhaite les Etats-Unis d’Europe.
“Le fédéralisme a deux avantages : d’abord il permet l’autonomie locale des Etats, et surtout c’est un système clair avec un Parlement fort élu par les citoyens. À l’heure actuelle, les Etats-membres bloquent toute avancée cohérente, analyse encore le thésard. Or l’Union agit aussi comme un moyen de contrôle sur le gouvernement britannique : par exemple notre ministre de l’Intérieur a déclaré publiquement qu’elle souhaitait révoquer la loi sur les droits de l’homme [the Human Rights Act qui traduit la convention européenne dans le droit britannique – ndr] pour mieux contrôler l’immigration.”
Sam a conscience que son opinion va à contre-courant de celles de ses amis. “Pour eux, l’Europe n’est pas une priorité”. L’étudiant peut néanmoins se rassurer : si l’UKIP avait déjà obtenu 16 % des voix aux européennes de 2004 et 2009, il n’avait pas réussi à s’imposer dans les scrutins locaux et nationaux.
{"type":"Banniere-Basse"}