Certaines universités américaines conseillent à leurs étudiants dépressifs de prendre un congé maladie le temps de régler leurs troubles psychologiques. Mais il arrive que ce simple congé se transforme en une interdiction de retourner en cours, malgré un avis positif de leur psychiatre.
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Une journaliste a raconté pour Buzzfeed le cas d’un élève de l’université de Brown dans l’Etat de Rhode Island. Dave, profondément déprimé, souffrait d’alcoolisme. Il avait posté un statut Facebook dans lequel il faisait part de son envie de se suicider. En 2013, l’université décide de le dispenser de cours en lui délivrant un congé médical pour le semestre.
Dave consulte alors un psychologue et parvient à arrêter de boire. Il intègre pendant ce temps une autre université. Mais quand il tente de se réinscrire à Brown, ses demandes sont rejetées à plusieurs reprises malgré une lettre de recommandation de son médecin. A cause de cette insistance, Dave se verra remettre une injonction officielle de la fac lui interdisant de communiquer avec l’établissement aussi bien par mail que par téléphone.
L’histoire de Dave n’est pas un cas isolé. Les médias américains ont déjà rapporté des cas semblables notamment en 2012, lors de l’exclusion d’un étudiant de Princeton pour une overdose de médicaments. En 2005, un élève de l’université George Washington est renvoyé de la fac suite à son internement. Traumatisé par le suicide d’un ami, il était devenu lui-même suicidaire.
Selon le droit américain, seuls les élèves présentant une menace directe pour leurs camarades sont susceptibles d’être renvoyés. Pour les universités, un étudiant dépressif constituerait donc un danger pour les autres. On peut comprendre qu’après des tueries comme celle de Virginia Tech qui a fait trente-deux victimes, les établissements veuillent se prémunir contre tout risque de passage à un acte fatal. Un congé peut donc s’avérer indispensable en cas de problème de santé mentale d’un élève. Cependant, certaines universités imposent une suspension des cours parfois très longue, et contraire aux recommandations des psychologues.
Il n’existe pas de chiffre précis pour mesurer l’étendue de ces exclusions. Néanmoins, une organisation de défense des personnes souffrant de maladie mentale a pris en charge, depuis les années 1990, vingt étudiants dans ce même cas. Quelques personnes ont déjà intenté un procès à leur école. Le site Inside Higher ED (l’équivalent de l’Etudiant en France) raconte que cette année, une élève de l’université de Quinnipiac dans le Connecticut a perçu des dommages et intérêts de la part de l’établissement suite à un congé maladie forcé. Victor Schwartz, directeur médical de la Jed Fondation (organisation qui prévient le suicide des étudiants) explique au site que « moins d’un étudiant sur 10 000 se suicide chaque année. D’un point de vue statistique, renvoyer chaque étudiant qui songe au suicide ou qui est sévèrement déprimé n’a aucun sens ».
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