Une pilule contraceptive masculine « sûre et efficace » est en cours de développement et pourrait bientôt faire son apparition sur le vaste marché des médicaments, selon des chercheurs américains.
Alors que la pilule contraceptive pour les femmes a été conçue dans les années 1950, son homologue masculine n’existe toujours pas. Heureusement, une étude américaine vient d’en tester une qui serait à la fois « sûre et efficace », rapporte CNN.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Les résultats de ce travail ont été présentés dimanche 18 mars à la réunion annuelle de la Société endocrine à Chicago. Et selon Stephanie Page, l’endocrinologue qui a dirigé l’étude, le diméthandrolone undécanoate (DMAU) réduit suffisamment la production de spermatozoïdes et des hormones qui les produisent. Le tout sans effet secondaire grave.
Peu de solutions pour les hommes
« Notre objectif est de développer une méthode pour les hommes qui présente un minimum d’effets secondaires. L’idéal serait de produire quelque chose qui présente également un avantage pour la santé des hommes », a déclaré la chercheuse.
>> À lire aussi : Pourquoi le stérilet a-t-il autant de succès auprès des Françaises?
Car si les moyens de contraception proposés aux femmes sont relativement variés (pilules à base d’hormones, injections ou encore dispositif intra-utérin), les solutions offertes aux hommes sont bien moins nombreuses. « Les seules options actuellement disponibles pour les hommes sont la vasectomie, les préservatifs ou le coït interrompu. Quarante pour cent des grossesses dans le monde ne sont pas prévues, il y a clairement un besoin non satisfait de nouveaux contraceptifs, et les hommes ont très peu d’alternatives », poursuit Stephanie Page.
Un niveau hormonal proche des garçons prépubères
Cette étude s’appuie sur une expérience menée sur 83 hommes, âgés de 18 à 50 ans. Ils ont été répartis en trois groupes différents, en fonction dosage reçu : 100, 200 ou 400 milligrammes. Après 28 jours de traitement, les chercheurs ont constaté que le taux de testostérone dans le sang avait chuté à des niveaux inférieurs à celui de la castration (environ 50 nanogrammes par décilitre). Et ce pour les trois doses.
Alors que le niveau moyen pour un homme en bonne santé se situe entre 350 et 1 100 nanogrammes par décilitre, les taux après traitement tombent à 13 nanogrammes par décilitre. Un niveau hormonal extrêmement faible, proche de celui de la moyenne des garçons prépubères. L’objectif initial, identifier une dose efficace et potentiellement sûre de DMAU, est donc atteint.
Davantage d’études sont nécessaires
Mais l’étude a été menée sur un petit échantillon, et il faudra davantage de recherches pour cerner les effets secondaires éventuels du médicament sur l’ensemble de la population. « Neuf participants ont eu une baisse de la libido, ce qui n’est pas rien. Quand vous mettez cela sur une base de plusieurs millions de personnes, vous avez une énorme partie des hommes qui risquent d’avoir une libido très faible », analyse le docteur Seth Cohen, qui n’a pas pris part à l’étude, contacté par CNN.
>> À lire aussi : Vers la mort de la pilule contraceptive ?
Qu’importe, ces résultats ouvre la voie à de futures recherches, dont certaines sont déjà en cours. « La prochaine étape importante est de montrer que cela supprime bien la production de spermatozoïdes, et cela nécessite au moins une étude de trois mois, que nous allons débuter le mois prochain », a précisé Stephanie Page. « Nous aurons besoin d’études à plus long terme pour examiner en détail les effets secondaires potentiels, avant de faire une étude avec des couples pour démontrer que cela peut être utile au quotidien. »
Des effets secondaires à gommer
En 2016, une autre étude sur une pilule contraceptive masculine avait abouti à des résultats bien moins concluants. Si l’efficacité du médicament pour empêcher la production de spermatozoïdes était bien réelle, la pilule présentait plusieurs effets secondaires indésirables : dépression, acné ou encore altération de la libido.
{"type":"Banniere-Basse"}