Deux essais reviennent sur les causes de la crise. Appât du gain, recherche du profit maximal, transformé en dogme, ont conduit l’économie à développer les injustices et les inégalités.
Qui est responsable de la crise financière ? La question, récurrente depuis la crise des subprimes de l’automne 2008, a permis de poser des diagnostics variés fondés sur une idée partagée : les dérives financières et les déréglementations ont pourri la marche réelle de l’économie.
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Un point de vue que défendait avant même le krach le grand sociologue américain Michael Walzer dans la revue de sciences sociales Dissent, dont les éditions de L’Herne rééditent des textes visionnaires sur la question du système capitaliste.
Par-delà la mécanique de la crise incriminée par les économistes lucides, Walzer creuse le vice anthropologique au coeur de tout : la cupidité.
C’est l’appât du gain, la recherche du profit maximal, transformé en dogme, qui a conduit l’économie à développer les injustices et les inégalités.
Pour mieux saisir le délire de la finance actuelle, il est conseillé de lire l’essai foisonnant du magistrat Jean de Maillard, spécialiste de la criminalité économique, L’Arnaque, la finance au-dessus des lois et des règles.
L’auteur dresse l’inventaire des techniques inventées par la sphère financière, sans garde-fou, par-delà les lois.
L’innovation miracle fut, dans les années 2000, la titrisation, autorisant le transfert des actifs financiers à des investisseurs.
Les places offshore, élément clé de la finance de marché, ont permis aux banques d’échapper aux réglementations et de mettre leurs créances “hors bilan”.
Les places boursières, Wall Street en tête, ont inondé le monde bancaire de produits sophistiqués, nourrissant une nouvelle délinquance allant jusqu’au bout de ses capacités prédatrices.
“Pire est l’économie, meilleure est la finance”, suggère l’auteur : en créant de l’argent sans fondement économique (le crédit-dollar) les marchés débridés ont créé de la valeur sans valeur.
La fraude est même “devenue tantôt une variable d’ajustement de l’économie et de la finance, tantôt même un mode de gestion de ces dernières”.
En dépit des engagements publics des gouvernements pour modifier les règles du jeu, rien n’a changé ou presque : tous les Etats ont rendu leur liberté “aux artisans du pillage financier de la planète” et renoncé à contenir leurs enrichissements insensés.
Le temps des prédateurs se poursuivra tant que la bulle financière ne sera pas purgée de ses vices. Pour assouvir leur soif du gain, les prédateurs ont mis l’arnaque au coeur du système financier.
La Soif du gain de Michael Walzer (L’Herne), 64 p., 9,50 € L’Arnaque, la finance au-dessus des lois et des règles de Jean de Maillard (Gallimard), 304 p., 18,50 €
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