Après l’affaire Weinstein, la cérémonie des César et la nuit marathon des oscars doivent être l’occasion de substituer au jeu de la compétition une image de ralliement, de solidarité et d’égalité.
Le traditionnel week-end de fin février-début mars, qui s’ouvre par la cérémonie des César et se clôt par la nuit marathon des oscars, devrait prendre cette année une signification nouvelle. Chacune des deux cérémonies marquera l’acmé de cet an 01 qui aura vu violemment remis en cause les privilèges, la domination, voire la criminalité, sexistes. Aux Etats-Unis, les oscars devraient constituer l’apothéose d’une mobilisation qui a déjà connu des prises de parole fortes, visibles, structurées.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
En France, en revanche, l’enjeu est différent : à la fois parce qu’aucune exaction comparable n’a à ce jour été révélée ; mais aussi parce que la parole sur ces questions dans le milieu du cinéma s’est montrée plus atomisée, parfois contradictoire (la fameuse tribune des cent femmes sur le droit d’importuner).
Substituer au jeu de la compétition une image de ralliement
L’enjeu de taille, à la fois pour le cinéma français et pour l’engagement féministe, est donc de présenter pour la première fois une image de prise de conscience commune et de solidarité. L’enquête menée par Iris Brey, Olivier Joyard et Fanny Marlier dans ces pages (pp. 14-27) cartographie les différents chantiers de cet engagement, tout en révélant une des formes que prendra vendredi soir ce renversement d’un ordre ancien : un petit ruban blanc, emblème de la Fondation des femmes, visant à récolter des fonds pour soutenir les victimes de violence (sexuelle, sexiste…).
En kiosques aujourd'hui : après l'affaire Weinstein, le cinéma français prend la parole https://t.co/gnMVLr0sy6 pic.twitter.com/OhyQXWNUvA
— Les Inrockuptibles (@lesinrocks) February 28, 2018
C’est le ruban que portent, sur la couverture de ce numéro, les cinq nommées au César du meilleur espoir féminin. L’espoir, c’est précisément le visage qui nous semblait le plus pertinent pour incarner les transformations en cours. L’espoir, c’est aussi la capacité à substituer au jeu de la compétition une image de ralliement, de solidarité et d’égalité.
En 2018, il serait enfin temps que tout change, non ?
Même s’il nous faut à présent plus que de l’espoir : Time’s Up, c’est maintenant. C’est l’aboutissement de combats féministes qui ont plus d’un siècle – en 2018, il serait enfin temps que tout change, non ? Le féminisme – ce mot puissant dans les années 1970, étrangement vu comme “ringard” hier, et soudain, à présent, plus que jamais d’actualité – est tout simplement une catégorie des droits de l’homme, comme le rappelle l’auteure et activiste Rebecca Solnit (lire p. 36). Il n’est pas réductible à la seule lutte contre le harcèlement sexuel ou le viol. Il s’agit aussi d’un combat pour l’égalité du droit à la parole, qui est aussi un pouvoir.
Plus de pouvoir aux femmes, et les agressions sexuelles reculeront. On y croit. Et on le veut maintenant.
{"type":"Banniere-Basse"}