Lassé par la politique et en partance vers de nouveaux horizons, le ministre de l’Industrie réussira-t-il sa reconversion dans le football ? Il en rêve. Et tâte le terrain…
Dans les coursives du stade du Ray, à Nice, Christian Estrosi se marre. Il vient de recevoir un texto d’Eric Besson, et ne peut s’empêcher de le montrer aux dirigeants de l’OGC Nice. “J’ai des repreneurs pour ton club”, lui a écrit le ministre de l’Industrie qui n’ignore pas que le club azuréen est en phase de recherche, et fait ainsi clairement acte de candidature. Estrosi est goguenard. Il n’a jamais porté Eric Besson dans son coeur, et l’arrivée de ce dernier à la tête de son ministère n’a pas contribué à arranger la situation. Evidemment, il ne fera rien pour aider son ex-collègue du gouvernement…
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
“Je lui ai répondu que je ne pratiquais pas l’ingérence dans le football”, se souvient aujourd’hui, six mois après le SMS, le maire de Nice. “Ça m’a surpris qu’un homme occupant un poste de ministre puisse avoir le temps de s’intéresser au football”, ajoute-t-il.
Pour rien au monde il n’aurait laissé s’installer dans son fief un rival d’envergure. Au final, c’est donc à l’un de ses proches, l’homme d’affaires niçois Jean-Pierre Rivière, qu’Estrosi donnera son aval pour reprendre les rênes du club azuréen.
« Il est fasciné par ce milieu »
Si la piste niçoise apparaît aujourd’hui complètement refroidie, Eric Besson, lassé de la politique, souhaite clairement se rapprocher du monde du football. “Oui, m’investir dans le foot m’intéresse”, confirmait-il le 8 décembre sur le plateau du Grand Journal. “Il a montré qu’il savait faire de la politique, il cherche désormais à démontrer qu’il sait faire du foot”, analyse Bernard Tapie, connaisseur des deux univers. “Il est fasciné par ce milieu” confirme Pape Diouf, ex-président de l’OM.
Déjà, en 2007, Eric Besson, alors placardisé par Ségolène Royal et en partance du PS, avait entrepris de reprendre le club du FC Nantes. A l’époque, un déjeuner dans un restaurant parisien avec l’homme d’affaires Luc Dayan, chargé de conduire le processus de cession du club, fut même organisé par Charles Biétry. Luc Dayan s’en souvient :
“Dans sa tête, il avait arrêté la politique et souhaitait reprendre le club. Il avait de bonnes relations avec Jean-Marc Ayrault à l’époque, ça facilitait les choses. Mais trois semaines plus tard, il reçoit un coup de fil de Nicolas Sarkozy, la politique l’avait rappelé à elle.”
Paradoxalement, Eric Besson se rapprochera encore du monde du football au cours des mois suivants. Nommé au poste de secrétaire d’Etat chargé de la Prospective par Sarkozy, il doit réaliser un audit sur la compétitivité des clubs français.
Rumeurs et démentis
Il multiplie les rencontres avec les dirigeants de clubs, assiste à de nombreux matchs et participe à plusieurs émissions sur le football. A la même époque, il fait venir Hatem Ben Arfa à une cérémonie officielle au ministère, et quelques mois plus tard, en septembre 2009, on le dira même agent du joueur. Le conseiller de Ben Arfa, Michel Ouazine, n’en est toujours pas revenu : “C’était une escroquerie intellectuelle, cette histoire. Pendant un match contre Madrid, Besson a chanté les louanges d’Hatem et à partir de là, certains ont déliré. Eric Besson était tellement gêné qu’il a fini par m’appeler pour s’excuser.”
La passion d’Eric Besson nourrit évidemment quelques fantasmes. Dernièrement, on annonçait que le ministre avait prévu un petit déjeuner avec Rolland Courbis, ancien entraîneur de l’OM devenu consultant star sur RMC, pour l’aider dans sa reconversion. Sur Twitter, le ministre a catégoriquement démenti. Joint par téléphone, Courbis s’énerve : “Ça me fout en colère de lire de telles conneries. Il n’y a pas eu de petit déjeuner, il n’y en aura pas. Dans ma vie, j’ai croisé ce monsieur une seule fois, début novembre, au moment du G20 à Cannes. Il y avait Copé, Bertrand, Raffarin aussi. Ils étaient au Sofitel de Marseille et nous avons discuté dix minutes.” De quoi ? “De football, évidemment.” En ce moment, Eric Besson ne pense presque qu’à ça.
David Doucet et Marc Beaugé
{"type":"Banniere-Basse"}