Avec 28 000 étudiants expatriés lors de l’année universitaire 2008/2009, les Français sont les champions européens de la mobilité. Officiellement, une année Erasmus, c’est l’occasion de valoriser son CV et de vivre une expérience culturelle. Mais les séjours prennent parfois des airs d’année sabbatique bien arrosée.
« On ne surnomme pas ce programme Erasmus-Orgasmus pour rien. » En 2008, Loïse a suivi des cours de relations internationales et de sciences politiques en Lituanie. Entrée dans l’Union européenne en 2004, la Lituanie fait partie des nouvelles destinations prisées par les étudiants en échange Erasmus. Depuis 2003, le nombre d’étudiants se rendant dans ce pays situé au bord de la mer baltique a augmenté de plus de 300%, selon le palmarès européen de la mobilité étudiante.
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Si Loïse a choisi la Lituanie, c’est entre autres pour apprendre l’anglais, et elle se réjouit aujourd’hui de pouvoir regarder des films en version originale. « Je ne pense pas en termes de CV, je m’en fiche, c’est plutôt pour l’expérience que je l’ai fait » affirme-t-elle. Loïse reconnait avoir moins travaillé qu’en France :
« Pour finir mes essais, je ne suis pas sortie pendant un mois et demi, mais dans l’ensemble j’ai moins bossé. Par exemple, je ne suis jamais allée à la bibliothèque et je n’avais pas énormément de cours non plus. »
« Ce qui se passe en Erasmus reste en Erasmus »
Pour beaucoup, cette année passée à l’étranger demeure leur meilleur souvenir universitaire. Et ce n’est pas pour les cours qu’ils y ont suivis. Une fois à l’étranger, loin de ses repères et de son cercle familial et amical, l’étudiant Erasmus se lâche.
« Les fêtes sont très alcoolisées, je suis allée dans les boîtes de nuit à deux balles, alors que je ne l’aurais jamais fait en France. Là-bas, je savais que personne ne ressortirait ces vieux dossiers, » raconte Loïse.
Même son de cloche chez Chloé Becker, partie aux Pays-Bas en 2009 :
« Personnellement, je ne pense pas avoir abusé, mais il y en a qui faisaient tout ce qu’ils voulaient de leurs corps, même s’ils avaient un petit-copain ou une petite-copine resté(e) en France. Tout ce que l’on fait est sans conséquences. Ce qui se passe en Erasmus reste en Erasmus. »
Outre ses soirées arrosées aux Pays-Bas, Chloé Becker estime que cette année lui aura été bénéfique. Tant du point de vue des rencontres qu’elle y a faites, que du point de vue académique. « Je pense que si j’ai été prise en deuxième année de master affaires européennes, c’est grâce à mon expérience à l’étranger », explique la jeune fille.
« C’est quand même bien, une année où tu ne vas pas en cours ! »
Depuis plus de 20 ans, les échanges Erasmus ont permis à 220 000 Français de se désinhiber à travers l’Europe. Lancé en 1987, le programme permet aux étudiants d’effectuer une partie de leur cursus dans un des pays membres de l’Union Européenne ou encore en Norvège, en Suisse, au Liechtenstein, en Islande ou en Turquie.
La destination préférée des Français reste néanmoins plus classique : 22% des étudiants choisissent la péninsule Ibérique pour leur année à l’étranger. C’est le cas de Laura Carniato, partie à Madrid durant un semestre en 2008. Elle annonce de suite la couleur :
« C’était ma meilleure année de fac. C’est quand même bien, une année universitaire où tu ne vas pas en cours ! »
Laura Carniato a obtenu sa licence en communication car elle avait déjà passé la plupart de ses examens en France mais aussi parce que ses professeurs en Espagne ont fait preuve d’indulgence. « Le seul examen que j’ai passé, j’ai été autorisée à le faire en français… Le prof parlait un petit peu français. »
Son temps, Laura l’a occupé à sortir, à visiter des musées, à se faire des amis venant des quatre coins du monde, à voyager à travers le pays… Bilan de son année ? « C’était au moins aussi enrichissant que d’aller à l’université ! »
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