[Best of musique 2020] The New Abnormal. Voilà un titre visionnaire en résonance avec l’actualité sanitaire, au terme d’une année complètement insensée. En intitulant ainsi leur sixième album, attendu depuis 2013 et sorti en plein confinement hexagonal le 10 avril 2020, les Strokes imaginaient-ils résumer en trois mots définitifs une année aussi improbable qu’historique ? On se souvient encore, avec frissons et nostalgie légitime, du premier concert à l’Olympia de la bande à Julian Casablancas le 18 février dernier – un mois tout juste avant de basculer dans le monde d’après bientôt masqué.
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Car si la pandémie du Covid-19 n’en finit pas de ravager, entre autres, toute l’industrie culturelle et le spectacle vivant, les épreuves successives de mise sous cloche auront démontré par l’absurde que la culture est un bien de première nécessité. Et si le récent reconfinement a précipité, de manière incompréhensible au vu des mesures appliquées dans les commerces de proximité, la fermeture des disquaires et des librairies, d’aucuns ont pourtant trouvé, depuis le printemps confiné et l’automne reconfiné, leur réconfort vital dans un disque, un livre ou un film, à défaut de poursuivre normalement leur vie sociale et culturelle.
“La semaine ‘lundimanche”
“La musique est une vraie béquille morale dans cette période anxiogène et contre la morosité ambiante”, insistait dans nos colonnes Dominique A, à l’occasion de la parution de Vie étrange (autre titre idoine pour 2020), un disque composé pendant le… confinement et paru en plein… reconfinement. “Everyday is like Sunday”, comme le chantait Morrissey en 1988, n’imaginant pas que l’on découvrirait un jour la semaine “lundimanche”.
Au contraire du cinéma, du théâtre et de la danse, l’actualité musicale aura, malgré tout, pimenté l’année à peu près conformément aux prévisions annoncées des sorties de disques. Bande-son essentielle du confinement et bien au-delà, The New Abnormal se classe largement au top de notre classement annuel des 100 meilleurs albums, devant deux grandes découvertes des 366 jours écoulés : Working Men’s Club et Andrea Laszlo De Simone. Aucun rapport artistique entre le quatuor mancunien et le chanteur transalpin, sinon la même appétence pour s’affranchir du passé, convoquer le présent et entrevoir le futur.
“Avant la lumière de 2021…”
Dans l’avalanche des premiers albums parus en 2020, beaucoup sont signés par des artistes féminines, dont on guettait patiemment monts et merveilles, comme la Montréalaise Helena Deland, la Colombienne Ela Minus, la Parisienne Bonnie Banane, la Poitevine Oklou ou la Belge Lous And The Yakuza – des visages appelés à s’inscrire durablement dans le paysage musical, et dont les disques symbolisent magnifiquement l’hybridation des genres.
Et si l’année fut moins embouteillée en poids lourds planétaires que d’habitude (The Cure, Frank Ocean, Daft Punk, Drake, Rosalía, Kendrick Lamar, Weezer et Sade auront encore fait faux bond), elle n’aura pas manqué de come-back (The Strokes, Bob Dylan, Sufjan Stevens, Jarvis Cocker, Yelle, Sébastien Tellier), ni de valeurs sûres (Gorillaz, Benjamin Biolay, Chassol, King Krule, Damso), de confirmations (Fontaines D.C., IDLES, Yves Tumor, Catastrophe), ni de révélations (Working Men’s Club et Andrea Laszlo De Simone, donc, mais aussi Tiña, Caleb Landry Jones, Laylow…). Avant la lumière de 2021 – année définitivement déconfinée ? –, replongeons-nous en musique en 2020 à travers ce numéro spécial encore plus précieux qu’à l’accoutumée.
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