Quand les entreprises interdisent à leurs employés l’accès à certains sites pour éviter la perte de productivité.
Le premier jour de son stage chez Orange, Marie veut aller sur Facebook. Elle tombe sur une page blanche et un message de l’administrateur réseau : “Ce site n’est pas répertorié comme un outil de travail mais vous pouvez vous adresser au technicien.” L’entreprise filtre les sites extraprofessionnels pour éviter les petites pauses web en douce. Viadeo, Netvibes, Dailymotion ou Twitter conduisent au même message. “J’ai trouvé ça mesquin”, raconte Marie, qui n’a pas souhaité évoquer la question avec ses collègues. “En parler, ça prouve que tu as essayé. Et dans cette boîte, traîner sur internet ou aller fumer une cigarette hors du bâtiment est mal vu.”
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
CONDITIONS ET LIMITES
D’après une étude du cabinet Robert Half Technology, plus de la moitié des entreprises américaines interdisent à leurs employés de se rendre sur des sites de socialisation pendant les heures de bureau. 54 % des responsables informatique ont décidé une “interdiction totale”, 19 % le droit de visiter ces sites “uniquement dans le cadre de leur travail.” Seuls 10 % ne pratiquent aucune restriction. Ne voulant pas apparaître comme des censeurs, les grandes entreprises françaises préfèrent éviter le sujet. Pourtant, le filtrage d’internet sur le lieu de travail est tout à fait autorisé. La Cnil estime ainsi que l’utilisation d’internet à des fins de loisirs au bureau “est généralement tolérée” mais “doit rester raisonnable et ne doit pas affecter la sécurité des réseaux ou la productivité de l’entreprise ou de l’administration concernée”. L’organisme ne s’oppose pas à ce que l’employeur fixe “les conditions et limites de l’utilisation d’internet, lesquelles ne constituent pas, en soi, des atteintes à la vie privée des salariés”, tant que l’entreprise les prévient, consulte le comité d’entreprise et prend certaines précautions quant à la conservation des données. Le Forum des droits sur l’internet est sur la même ligne.
VIRUS ET JEUX
L’entreprise de sécurité informatique Olfeo, qui fournit des logiciels de filtrage, explique que plusieurs raisons peuvent conduire les sociétés à s’équiper. En premier lieu, la crainte d’une intrusion informatique, des virus ou du “risque pénal” : téléchargement illégal, jeux d’argent en ligne… Une étude menée par Olfeo estime qu’un salarié utilise en moyenne internet 86 minutes par jour (48 minutes en 2004), dont 58 minutes pour un usage non professionnel. En tête : les sites d’actu, les mails perso, les réseaux sociaux, les sites de service (météo, trafic routier, radios…). Et depuis peu, le streaming, grand consommateur de bande passante.
Au-delà de la protection de base, certaines entreprises décident donc de bloquer les systèmes de messagerie instantanée et les sites de loisirs. Le logiciel, qui gère à la fois le pare-feu, l’antivirus et le filtrage juridique, peut donc s’étoffer d’un volet “productivité” dans lequel sont répertoriés les sites interdits, en permanence actualisés. Cela dit, l’exclusion de sites centrés sur l’homosexualité ou le droit du travail, par exemple, pourrait être considérée comme une mesure discriminatoire
{"type":"Banniere-Basse"}