A l’occasion du 43e Midem, Rue89 et Les Inrockuptibles s’associent pour une grande enquête en quatre volets sur l’industrie musicale française. Une semaine après la promesse d’iTunes de supprimer ses DRM, le point sur la mort annoncée du CD, le combat des majors pour survivre, les nouveaux acteurs et la musique bientôt gratuite
Internet a profondément déstabilisé l’industrie de la musique. « Les majors ont vraiment manqué de vision, elles n’ont pas du tout compris ce qui était en train de se passer », juge Vincent Demarthe, manager de Rohff et ancien d’EMI: « Les maisons de disque ont très vite considéré Internet comme un ennemi, ce qui leur a fait prendre 7-8 ans de retard. »
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Mais depuis quelques années, l’industrie s’est réveillée et multiplie les initiatives pour sortir la tête de l’eau: « Nous ne sommes pas endormis. Le taureau est arrivé, il a fallu le prendre par les cornes », rigole Pascal Nègre, PDG d’Universal Music.
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Sus aux pirates, encourageons le téléchargement légal
Déjà, en encourageant le vote du projet de loi Création et Internet, ou loi Olivennes. La loi devrait être examinée en mars à l’Assemblée nationale. Son vote débouchera sur la création de la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi) qui contrôlera et punira, selon un mécanisme de « riposte graduée », les internautes qui se livrent au téléchargement illégal en peer to peer. « On attend beaucoup de cette loi », assure Hervé Rosny, le président du Syndicat du disque (Snep). « On a déjà perdu beaucoup de temps. Plus le temps passe, plus le sentiment d’impunité grandit. »
Pour certains, la loi aura peu d’impacts. Trop tard. « La loi contre le piratage est complètement obsolète, parce qu’elle ne peut s’appliquer qu’au P2P », explique Borey Sok, blogeur spécialiste de la musique 2.0. « Or, aujourd’hui, on télécharge de plus en plus en megaupload. » Sur les serveurs de newsgroups et sur les sites de stockage comme RapidShare, il est en effet impossible de connaître l’adresse IP des utilisateurs. Impossible de les identifier, et donc, impossible de les punir.
La seule véritable option pour les majors reste donc d’encourager le téléchargement légal. La suppression des mesures anti-copie, une partie des DRM (Digital rights management), annoncée notamment par Apple début janvier, devrait pouvoir y contribuer. La levée de ces verrous numériques permet le partage de fichiers téléchargés légalement: « On ne pourra plus dire que l’offre légale est moins agréable à utiliser », commente Hervé Rosny.
Les vidéos monétisées
En plus du téléchargement légal, les acteurs de l’industrie musicale cherchent de nouvelles sources de revenus. Premier front: la monétisation des contenus vidéos.
Jusqu’à fin 2008, les maisons de disque ont vu leurs revenus vidéo fuiter vers d’autres acteurs, comme YouTube ou Dailymotion. Le temps où les quatre majors, Universal Music, Warner Music, Sony BMG et EMI, n’étaient que très modiquement rémunérées sur ces vidéos est révolu. Fin décembre, Warner a demandé à YouTube de retirer les clips de ses artistes, au terme de leur contrat de licence.
Les majors auraient plusieurs projets: conclure un partenariat avec la plateforme de séries et films Hulu.com, et créer leur propre site de clips vidéo. Universal a déjà créé Alloclips, en partenariat avec Allociné, en octobre dernier.
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