Après la révélation d’un second audit accablant dans l’affaire Business France, Murielle Pénicaud est de plus en plus dans la tourmente. Après quatre départs du gouvernement en deux mois, la ministre du Travail risque elle aussi son siège en cas de mise en examen. Ce qui serait un énorme coup dur, en plein débat parlementaire sur la réforme du Code du travail.
La présidence jupitérienne va-t-elle connaître à nouveau la démission d’un membre de son gouvernement dans les prochaines semaines ? Après les départs de Richard Ferrand, Sylvie Goulard, François Bayrou et Marielle de Sarnez, le nuage s’assombrit dangereusement au-dessus de la tête de Muriel Pénicaud.
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Une épée de Damoclès au-dessus de Murielle Pénicaud
Le Canard enchaîné évoque même « une épée de Damoclès » concernant l’actuelle ministre du Travail. Dans son édition du 12 juillet, l’hebdomadaire ne prend plus de pincettes et évoque une future déconnexion de Mme Pénicaud, dans un futur très proche. Au Château, on craint sa mise en examen dans l’affaire Business France pour favoritisme et recel de favoritisme. Une décision qui entraînerait automatiquement son débranchage du gouvernement d’Edouard Philippe, compte tenu des règles édictées et de la volonté affichée par le nouvel exécutif de moraliser la vie publique. Autant dire qu’en plein débat parlementaire sur le recours aux ordonnances dans le projet de réforme du Code du travail, cette hypothèse fait mauvais genre.
« On sent que la pression monte autour de Pénicaud, commente un ministre au Canard Enchaîné. On saura vite s’il y a une mise en examen ou pas, mais ce ne sera vraisemblablement pas avant la fin de l’été. » Si l’étau se resserre à ce point autour de Murielle Pénicaud, c’est qu’il n’y a pas un mais deux audits accablants pour la ministre dans ce dossier.
Un dîner très embarrassant
Petit rembobinage pour qui n’aurait rien suivi à l’affaire. Le 6 janvier 2016, Macron s’envole pour Las Vegas et participer au CES, le Consumer Electronic Show. Il n’a pas encore quitté le gouvernement ni même lancé son mouvement politique. Un dîner en l’honneur du ministre est organisé, avec 500 invités. C’est Business France, une sous-organisation de Bercy, qui s’occupe de l’organisation. Sa directrice générale à l’époque n’est autre que… Murielle Pénicaud, nommée ministre du Travail en mai dernier.
Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris en mars. Elle cherche à savoir si cette sauterie n’a pas été organisée par Havas sans appel d’offres, contrairement à la règle en vigueur. Les montants sont astronomiques : la soirée a coûté 381 759 euros, dont 100 000 de frais d’hôtel. Comme le rappelle Le Canard, la commande publique pour ce type de soirée interdit de dépasser le montant de 209 000 euros hors taxes. Ici, le plafond est donc explosé.
Deux audits accablants pour la ministre
Pour montrer sa bonne foi dans le dossier et se défendre, Murielle Pénicaud commande donc un audit au célèbre cabinet Ernst & Young. Manque de pot, il est accablant. Révélé par Libération et Le Canard enchaîné, on peut lire que celle qui n’est pas encore ministre a commis 13 manquements dans le processus de gouvernance de l’opération Las Vegas dont « l’absence de mise en concurrence » et « l’absence de réservation de crédits budgétaires dans le budget French Tech de 2016 ». L’audit souligne également que Murielle Pénicaud ne pouvait pas ne pas être au courant de ce mode opératoire. C’est en effet elle qui a validé deux notes de frais astronomiques (plus de 30 000 euros à chaque fois) à Henri de Joux. Directeur exécutif finance et gestion de Business France, il avait avancé avec sa carte bancaire personnelle un acompte à l’hôtel où a eu lieu la soirée.
Mais ce n’est pas tout. Le Canard enchaîné révèle l’existence d’un second audit, tout aussi accablant, concernant les doutes sur la procédure d’attribution du marché. Remis le 9 septembre 2016 il dénonce : « Il ressort des échanges de mails que Mme Bothy-Chesneau (la directrice de la communication de Business France) n’avait initialement pas envisagé de mettre en concurrence l’agence de presse [Havas] ».
L’enquête préliminaire de mars a abouti, le 7 juillet, sur l’ouverture d’une information judiciaire pour délit de favoritisme et recel de favoritisme. Pour l’heure, l’ex-directrice générale de Business France n’est pas nommément visée. Mais comme le rappelle Le Canard, « si les indices continuent de s’accumuler, la ministre du travail risque gros et certains conseillers de Macron à l’Elysée, qui ont été embauché chez Havas par le passé, également.”
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