La vie de deux amis d’enfance en banlieue. Dialogues bruts et dessins en rondeur.
Au Festival d’Angoulême, en janvier, une passionnante exposition donnait l’occasion de se plonger dans le travail de Gilles Rochier, inlassable chroniqueur de la banlieue depuis ses premiers fanzines. En roue libre, réalisé avec le dessinateur Nicolas Moog, s’inscrit logiquement dans cette lignée et raconte les relations, dans une cité triste et vide, de deux amis d’enfance dont l’un, Tonio, a perdu une jambe. Alors que son copain essaie de le sortir de son marasme, du terne quotidien et de la morosité du quartier, Tonio est acerbe, instable, ingrat.
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Difficile de parler d’amitié entre les deux hommes ; il s’agit plutôt d’un écosystème ambigu où l’un, armé de bonnes intentions, cherche à se rendre utile, et l’autre, amer, traîne avec lui faute de mieux. Le récit est ponctué de flash-backs où l’on apprend la jeunesse casse-cou de Tonio, et les jeux dangereux qu’inventait toute sa bande de potes pour tromper l’ennui. Récit sans complaisance, En roue libre est formidablement servi par des dialogues bruts et réalistes. Le dessin tout en rondeur de Nicolas Moog contraste avec la dureté du propos, le rend encore plus percutant. Une vision inhabituelle de l’amitié et de la banlieue, au-delà de tout cliché.
En roue libre (Casterman), 88 pages, 20 €
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