Ce lundi 6 juin, l’opposition parlementaire polonaise a dénoncé un arrêté du ministre de la Santé visant à introduire un “registre de grossesses” numérique soupçonné de porter atteinte aux droits des femmes.
Alors que la question du droit à l’avortement est de nouveau un sujet d’inquiétude aux États-Unis, où l’on assiste à un important recul en matière de droit des femmes, la Pologne continue de durcir la législation autour de l’avortement.
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En 2020 déjà, le gouvernement polonais décidait d’interdire l’interruption volontaire de grossesse en cas de “maladie grave du fœtus” ou “maladie incurable ou potentiellement mortelle”. Le tribunal constitutionnel polonais avait décrété ces motifs d’avortement comme inconstitutionnels, n’autorisant les femmes à avorter qu’en cas de risque mortel pour elles, ou après un viol ou un inceste.
Une nouvelle menace qui pèse sur les femmes
Les ultraconservateurs du parti Droit et Justice (PiS) ont proposé en décembre 2021 de créer un registre de grossesses numérique pour l’année 2022, obligeant les médecins généralistes à signaler les femmes enceintes et les potentielles fausses couches. Ces informations doivent figurer dans le registre au même titre que celles sur les maladies, le groupe sanguin et les traitements des patientes, à l’image d’un vrai dossier médical.
Sur le papier, le projet vise à garantir un meilleur suivi médical, mais les militant·es féministes le perçoivent d’un autre œil, la Pologne possédant la législation la plus restrictive en matière d’avortement au niveau européen. L’opposition considère ainsi ce registre comme “un nouvel outil de répression, de contrôle [et] d’influence politique de l’État” envers les femmes, comme le dénonce la députée libérale Kamila Gasiuk-Pihowicz à la presse polonaise.
Joanna Pietrusiewicz, présidente d’une fondation défendant les droits des femmes, déclare “qu’à une autre époque, le transfert de telles informations dans le système n’aurait pas suscité d’inquiétudes, mais, dans la situation actuelle, il s’agit pour nous d’un signal sans équivoque d’une nouvelle tentative de l’État de s’immiscer dans la vie des femmes”. Finalement, l’idée dénoncée ici est celle d’un traqueur d’IVG clandestines, qui violerait le droit des femmes à disposer de leur corps.
Appels à protester
Le parquet, en disposant d’un accès au registre en ligne sur décision d’un tribunal, peut lui aussi être impliqué dans ce recensement numérique des grossesses. Les effets pervers d’une telle mesure seraient considérables. En essayant de rendre l’IVG illicite, le gouvernement polonais accroît le nombre d’avortements clandestins, et ce, sans se soucier des préjudices économiques et moraux que de tels choix impliqueront pour les femmes. En parallèle, cette violation de l’intime pourrait décourager les femmes de consulter un praticien en début de grossesse, par peur d’être sous l’œil du gouvernement.
Peu à peu, le gouvernement polonais restreint les droits reproductifs des femmes ; mais les Polonaises n’ont pas dit leur dernier mot. À l’image des manifestations post-loi anti-IVG de 2020, les associations de défense des droits des femmes appellent ces dernières à protester.
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