Daphné Hézard présente Global Résistance, un magazine sur les nouveaux types d’engagement. Glamour, le militantisme ?
La lumière, que renvoie le fond de ses yeux bleus comme le ciel, a la force d’un éclat qui, si la douceur ne s’y lovait, aurait de quoi aveugler. Avec son sourire franc et large comme un uppercut, Daphné Hézard, 31 ans, a la beauté de ces Parisiennes chic sur lesquelles la dureté du monde semble ne jamais s’imprimer, comme si la peau résistait aux stigmates des temps modernes qui creusent les plaies de ses victimes résignées.
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C’est dire le décalage surprenant que provoque sa présence, dans la lucarne, auprès de militants avertis issus des rangs de l’altermondialisme fragmenté. Dans une série de reportages, rassemblés dans une collection baptisée Global Résistance, sur France 4, cette jeune journaliste part à la rencontre d’une génération militante nourrie aux écrits de Naomi Klein, réinventant un bréviaire de la résistance caractérisé par le sens de la mise en scène. Les règles de la société du spectacle constituent la matrice de leurs actions, et l’efficacité de ces dernières se mesure en partie à leur impact médiatique. L’agitprop des temps présents développe un imaginaire créatif qui témoigne d’un réel génie de la déstabilisation.
Ce sont tous ces coups d’éclat que suit Daphné, dont la curiosité innocente sert de mode d’entrée à la connaissance d’une militance un peu cinglée mais cinglante. A Amsterdam avec des clowns dénonçant les systèmes de surveillance policière, en Allemagne avec les “anti-castor” (sorte de Robin des Bois prenant d’assaut les trains qui transportent des déchets nucléaires), à Paris avec des combattants de L’Appel et la Pioche qui pique-niquent dans des supermarchés pour protester contre la hausse des prix et les marges des distributeurs, à Londres avec les “freegans”, ces “déchétariens” qui vident les fonds de poubelles, ou avec les “guerilla gardeners” qui refleurissent la ville… Où qu’elle soit, la jeune reporter se frotte à de jeunes gens colorés et en colère. Une colère que seule la fantaisie préserve des dérives incontrôlées.
Même si elle confie avoir été éprouvée par un stage de désobéissance civile, où durant quatre jours, elle a dû se plier aux dix ou vingt commandements de la nébuleuse prenant au sérieux ses actions (faucher des champs d’OGM, se défendre contre les violences policières…), Daphné a trouvé ses repères au gré de ses immersions. De sorte que la journaliste – habituée depuis dix ans aux moeurs du Paris fashion, arty et culturel, au luxe des grands hôtels qu’elle fréquente comme journaliste spécialisée dans le voyage – a trouvé une nouvelle maison d’accueil, délocalisée, globalisée, mouvante, inconfortable, mais ouverte à la rumeur du monde, accueillant les déshérités dans les contre-allées. Globalement résistante, Daphné a réussi un pari insensé à la télé : apporter une touche glamour dans la peinture de ces contestataires de la société de consommation. Ces voyages-là ne s’oublient pas, comme le bleu des yeux en éveil.
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