Martin Parr, Robert Mapplethorpe, Stephen Shore ou encore Nobuyoshi Araki font partie des photographes qui signent les 230 clichés de “The Photographer in the Garden”, beau livre édité par le collectif de photographie Aperture, focalisé sur le jardin comme objet photographique.
Des jardins de châteaux, parfaitement quadrillés. Des jardins à l’anglaise, remplis de roses. Des potagers partagés, encore un peu sauvages, en attente de semis. Un domaine familial, parsemé de jouets d’enfants. Objet photographique pluriforme, le jardin est au cœur de la dernière publication d’Aperture, association de photographie américaine, qui sort The Photographer in the Garden, beau livre regroupant des clichés de photographes anonymes comme reconnus, rassemblés autour de leur fascination pour le jardin. Au fil des pages, on y croise des clichés de Robert Mapplethorpe, Stephen Shore, Martin Parr, Nobuyoshi Araki ou encore Collier Schorr.
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“Quand la photographie a été introduite publiquement en 1839, elle a immédiatement remplacé la fonction d’enregistrement du réel d’autres pratiques artistiques comme le dessin et la peinture, raconte Jamie M. Allen, co-commissaire du livre The Photographer in the Garden, dans l’introduction de l’ouvrage. Lors de la création de ces premières retranscriptions, il n’est pas étonnant de constater que les premiers photographes se tournent vers les jardins pour trouver l’inspiration. Les premiers processus marchaient le mieux quand la surface photosensible était fraîche voire toujours humide, et nécessitaient une longue exposition à une source de lumière intense.” Ainsi les premiers photographes se tournaient-ils naturellement vers leur propre jardin, la plupart du temps relativement proche de leur chambre noire, qui leur donnait une abondance de lumière pour leurs compositions et une multitude de plantes pour venir tester la sensibilité à la lumière de leurs premiers appareils.
L’orchidée de Robert Mapplethorpe
Mais l’intérêt pour le jardin n’a pas que des racines scientifiques. Au fil de l’évolution de la pratique de la photographie, les artistes se tournent vers les fleurs fraîches pour réaliser l’exercice de nature morte : inspirés par les clichés botaniques d’Adolphe Braun, qui photographie les fleurs de son jardin en détail afin que les motifs puissent être reproduits à l’exactitude dans l’industrie textile, des photographes modernistes comme Imogen Cunningham ou Robert Mapplethorpe, plus habitués des sujets humains, se saisissent à leur tour de sujets botaniques. En immortalisant une orchidée, Robert Mapplethorpe joue des couleurs et des ombres pour donner à la fleur une dimension quasiment aussi sensuelle que ses nus.
our marriage my husband and I owned a bar. One day a toilet broke and we brought it home”, 1971 © Bill Owens
The Photographer in the Garden met en parallèle l’évolution de la pratique de la photographie avec celle de notre rapport au jardin : le boom des jardins privatifs dans l’Amérique des années 50, la transition entre un jardin à cultiver et un jardin de pur plaisir, la mise en place de potagers participatifs entre voisins… et l’arrivée de la caméra jetable Kodak pour immortaliser le tout. On aime particulièrement les quelques photos de famille prises sur fond de verdure, rappelant que l’aménagement du jardin est tout autant un espace d’expression personnelle que le style vestimentaire – pour le meilleur comme pour le pire.
The Photographer in the Garden, Jamie M. Allen et Sarah Anne McNear (Aperture)
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