Pedro Sanchez, élu socialiste à la tête du gouvernement espagnol, a confirmé ce 12 décembre devant le Congrès l’adoption d’une hausse du salaire minimum de 22%, portant son montant à 1050€ par mois.
“Un pays riche ne peut pas avoir de travailleurs pauvres” : c’est ainsi que Pedro Sanchez, le chef du gouvernement espagnol, a justifié l’augmentation du salaire minimum national de 22,3% en 2019. De 637€ actuellement sur 14 mois, son montant va atteindre 900€, ce qui équivaut à 1050€ étalés sur une année. Cela correspond à la plus forte hausse du salaire minimum adoptée depuis 1977. Selon des chiffres tirés d’une étude datée de février 2018, l’Espagne rejoint ainsi le 8e rang des salaires minimums les plus élevés de l’Union Européenne.
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Au nombre de 2,4 millions – dont 700 000 travailleurs agricoles et 400 000 femmes de ménage – les emplois concernés par ce revenu représentent un peu plus d’un dixième des travailleurs espagnols en 2018, et sont occupés majoritairement par des femmes. Ils correspondent à des milieux divers : emplois de commerce et de garage automobiles, postes administratifs et d’hôtellerie. Devant le Congrès mercredi 12 décembre, le chef de l’exécutif issu du PSOE, le parti socialiste espagnol, a confirmé par cette annonce l’adoption de la mesure en conseil des ministres qui se réunira à Barcelone le 21 décembre.
Alliance avec Podemos
Porté au pouvoir après une motion de censure adoptée en juin contre le gouvernement de Mariano Rajoy à cause d’un scandale de corruption, Pedro Sanchez ne bénéficie pas de la majorité pour gouverner au parlement. En octobre, il a présenté son projet de loi de finances pour 2019 conjointement avec Pablo Iglesias, le chef du parti Unidos Podemos. C’est dans ce cadre qu’a été proposée cette hausse de salaire. Le texte de l’accord sur le budget justifiait la hausse proposée par le fait que “les salaires minimums sont un outil social puissant qui peut contribuer significativement à prévenir la pauvreté et favoriser une croissance générale des rémunérations plus dynamique. Pour cela, les salaires doivent garantir aux travailleurs un niveau de vie digne et la satisfaction de leurs besoins et de leur famille”.
Sanchez, avec 85 élus sur 350, doit nécessairement trouver des alliés dans les partis politiques rivaux pour faire adopter ses réformes. En plus de Podemos, qui bénéficie de 71 élus, il a dû bénéficier du soutien des nationalistes basques et catalans pour engager ses réformes contre l’opposition des partis de droite. Lors de son discours devant le Congrès, le chef du gouvernement a insisté sur l’unité du territoire espagnol, et a abordé successivement les sujets du Brexit et de l’indépendantisme catalan. Les mesures sociales adoptées ont vocation selon lui à ressouder une population nationale divisée. Il a de fait justifié l’augmentation de salaire de la manière suivante : “Nous devons renforcer le projet commun de l’Espagne, un projet que le mouvement pour l’indépendance défie”.
Lutte contre la montée des populismes
Le fait d’avoir convaincu les partisans indépendantistes catalans de cette réforme n’est pas anodin, car ces réformes sociales ont vocation à endiguer la montée des mouvements séparatistes et populistes de tous bords. Lors du compromis passé en octobre 2018 pour la loi sur le budget, Pablo Iglesias a déclaré sur un plateau de télévision : “On peut prendre soin de l’Etat-providence et construire un modèle européen éloigné de l’austérité et des populismes xénophobes”. L’élection récente du parti d’extrême droite Vox aux élections régionales en Andalousie au début du mois, qui a remporté un peu plus de 10% des voix, est aussi un facteur d’inquiétude que la hausse du salaire minimum permettrait d’endiguer. Selon Le Monde, une dirigeante socialiste andalouse a constaté que “l’augmentation du salaire minimum à 900€ est le genre de mesures qui freinent les poussées de populisme et de xénophobie dans les zones les plus déprimées”.
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