En 1936, l’Allemagne nazie accueille les JO à Berlin. L’occasion d’une opération de propagande d’une envergure démesurée, trois ans avant la Seconde Guerre mondiale.
En guise de point final aux Jeux olympiques de Rio, Arte remonte le temps avec un documentaire consacré à ceux de 1936. Organisés en pleine Allemagne hitlérienne, il y a juste quatre-vingts ans, les JO de Berlin ont surtout été une gigantesque opération de propagande à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
https://www.youtube.com/watch?v=9L0kfy2fVtM
Les images de ces JO montrent, avec des athlètes venus de quarante-neuf pays, un régime célébrant à l’unisson l’olympisme, le sport et la paix dans un décor pharaonique. “Berlin resplendit dans son habit de fête”, écrit Goebbels dans son journal.
Dans le stade olympique immense voulu par Hitler, des dizaines de milliers de personnes assistent à l’ouverture des Jeux. Tout de blanc vêtu, le cortège dirigé par Richard Strauss entonne l’Alléluia d’Haendel lorsque le porteur de la flamme olympique pénètre dans le stade.
Vitrine d’un pays tourné vers la modernité et le progrès
Encore aujourd’hui, l’inconscient collectif garde en mémoire de ces XIe Jeux olympiques le triomphe de Jesse Owens, qui remporta à Berlin quatre médailles d’or (100 mètres, 200 mètres, 4 x 100 mètres et saut en longueur). “Comme si le jeune athlète noir américain avait été notre champion, et qu’il était parvenu, sportivement, à vaincre le monstre nazi”, raconte Jérôme Prieur.
Mais comme le révèle ce film, cette fable n’est qu’un arrangement avec la réalité historique, une fiction dans laquelle le sport a servi d’alibi. Guère convaincu par la tenue des JO lorsqu’il accède au pouvoir en 1933, Adolf Hitler a rapidement compris l’intérêt politique qu’il pouvait en tirer.
Alors que le monde entier avait les yeux braqués sur Berlin, le régime nazi s’est servi des Jeux olympiques comme d’une vitrine d’un pays tourné vers la modernité et le progrès. Durant quinze jours, les formules de haine antisémites qui ponctuaient les bords de route et les façades des échoppes ont été retirées.
Pour le régime, l’occasion d’asseoir son pouvoir sur la société
https://www.youtube.com/watch?v=bNnDBAdF2sI
A travers les images sublimes d’Olympia (Les Dieux du stade en version française) de la cinéaste Leni Riefenstahl mais également de nombreux films amateurs inédits ainsi que les écrits de Victor Klemperer ou de Sebastian Haffner, Jérôme Prieur montre comment le régime s’est servi de cet événement sportif pour asseoir son pouvoir sur la société allemande et obtenir une reconnaissance internationale inespérée.
Pour la première fois, les Jeux olympiques sont télévisés (plus de 3 000 émissions sont retransmises dans une cinquantaine de langues). Quelques semaines après que la flamme olympique s’est éteinte et que les visiteurs étrangers ont quitté le pays sans avoir vu sa face sombre, Adolf Hitler pourra reprendre sa politique d’expansion et d’horreur qui mènera à la Seconde Guerre mondiale.
Les Jeux d’Hitler – Berlin 1936 documentaire de Jérôme Prieur. Mardi 23, 20 h 55, Arte
{"type":"Banniere-Basse"}