De violentes manifestations ont éclaté hier en Libye et en Egypte à la suite de la diffusion du court métrage « L’innocence des musulmans » jugé offensant pour l’Islam. L’ambassadeur américain en Libye et trois fonctionnaires ont trouvé la mort hier soir au cours d’une de ces attaques.
Des manifestants ont attaqué hier, jour anniversaire des attentats du World Trade Center, les consulats américains au Caire et à Benghazi. Ces attaques interviennent après la diffusion d’un court métrage amateur réalisé par un Israélo-Américain, Sam Bacile.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
A Benghazi, des manifestants armés ont attaqué le consulat américain et y ont mis le feu. Des affrontements ont également eu lieu entre des forces de sécurité et des hommes armés. Au cours de la soirée, l’ambassadeur américain J. Christopher Stevens et trois fonctionnaires américains ont été tués. Le décès de l’ambassadeur serait dû à une suffocation au monoxyde de carbone.
« Tout sauf le Prophète »
Au Caire, 3 000 hommes dont de nombreux salafistes se sont rassemblés devant l’ambassade des Etats-Unis. Le drapeau américain a été arraché et remplacé par un immense drapeau noir sur lequel était inscrit : « Il n’y a de Dieu que Dieu et Mahomet est son prophète ». Sur un mur, un graffiti attaquant les « chiens de l’étranger » a été apposé sur le mur d’enceinte du consulat, tandis qu’un autre mettait en garde contre les attaques visant Mahomet : « Tout sauf le Prophète ».
Au Caire, des militants chrétiens ont à leur tour appelé mercredi à manifester contre ce film. Un responsable des services de sécurité a indiqué que « la sécurité a été renforcée dans le centre du Caire, particulièrement aux abords de l’ambassade des Etats-Unis ».
Le film de Sam Bacile, qui dit s’être réfugié en un lieu inconnu, met en scène des membres de la police égyptienne restant indifférents devant le pillage d’un village chrétien par des musulmans. Le prophète Mahomet est ensuite dépeint comme un voyou sanguinaire et avide de pouvoir, séducteur, homosexuel et pédophile. Une bande-annonce de la vidéo est visible sur YouTube.
Sam Bacile, qui est un agent immobilier d’une cinquantaine d’années habitant la Californie aurait, comme il l’a déclaré à Associated Press, récolté 5 millions de dollars auprès de cent donateurs juifs pour réaliser ce film. La vidéo a reçu une audience considérable après avoir été promue par un pasteur de Floride, Terry Jones, qui avait déjà provoqué une vague de violence en Afghanistan en brûlant des exemplaires du Coran en 2010.
Dans un communiqué publié hier, Terry Jones déclarait que « L’innocence des musulmans est une production américaine destinée non pas à attaquer les musulmans mais à montrer l’idéologie destructrice de l’islam« .
Après la manifestation du Caire, Sam Bacile a déclaré : « l’Islam est un cancer ». Le pasteur Terry Jones a quant à lui affirmé que ces violences « illustrent l’intolérance des musulmans pour tout ce qui n’est pas Mahomet » et a qualifié l’Islam de « déception totale« .
Réactions de la communauté internationale
Dimanche, le grand mufti d’Egypte Ali Gomaa a dénoncé « les actions de coptes extrémistes ayant produit un film offensant le prophète », affirmant qu’il blessait « des millions de musulmans à travers le monde », soulignant que l’islam interdit la représentation du prophète. « L’attaque du caractère sacré de la religion ne relève pas de la liberté d’expression », a-il ajouté.
La Ligue arabe a elle aussi condamné le film, estimant qu’il contient des « insultes contre le prophète Mahomet », selon l’agence Mena.
Le porte-parole des Frères musulmans a demandé au gouvernement américain de poursuivre et condamner le « fou » à l’origine de cette vidéo, selon le site du journal Al Ahram. Il a également demandé des excuses officielles, expliquant que de tels événements mettent à mal la relation entre les Etats-Unis et le monde arabe.
De son côté, Hillary Clinton a déclaré :
« Les États-Unis déplorent toute volonté délibérée de dénigrer les croyances religieuses d’autrui. Notre engagement en faveur de la tolérance religieuse remonte aux origines mêmes de notre nation. Mais que les choses soient claires : rien ne saurait jamais justifier des actes de cette nature. »
Dans un communiqué, Barack Obama s’est lui aussi ému de la mort de l’ambassadeur en évoquant « une violence insensée ».
{"type":"Banniere-Basse"}