Suite à l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, le collectif Peuples solidaires et l’intersyndicale de Camaïeu, se sont réunis, cette semaine, devant un magasin de l’enseigne française. L’objectif : sensibiliser les consommateurs sur le mode de production de Camaïeu et faire pression sur la direction de la marque afin qu’elle indemnise les familles des travailleurs.
Un mois et demi après la tragédie du Rana Plaza (qui a fait plus de cent morts) les membres de l’association Peuples solidaires, de la CGT, et sympathisants se sont réunis devant le magasin Camaïeu, rue Saint Lazare, pour demander à la marque d’indemniser les victimes de la catastrophe, survenue à la fin du mois du d’avril. Tous étaient de noir vêtus pour faire écho à la marche funéraire. Six volontaires portaient un cercueil en carton, symbole des morts et des blessés. Statiques devant les vitrines, les manifestants se sont recueillis pour une minute de silence.
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« Camaïeu, je vous le dis, assumera ses responsabilités » déclare Benjamin Lemesle du collectif Peuples Solidaires. Le 24 avril, l’immeuble du Rana Plaza, dans la banlieue de Dacca, au Bangaldesh, s’effondre. 1 129 morts et 1 650 blessés, dont énormément sont, aujourd’hui, handicapés à vie et traumatisés. Le bâtiment de neuf étages abritait cinq ateliers de confection et employait plus de 3 500 ouvriers parfois payés moins de 40 dollars par mois.
« On a retrouvé un pantalon et des étiquettes de la marque dans les décombres. Camaïeu vient d’envoyer quelqu’un sur place pour faire une enquête » explique Dorothée Kollou, chargée de mission dignité au travail pour Peuple Solidaire. « Camaïeu doit assumer et payer pour les victimes » poursuit-elle. « Il faut que les consommateurs connaissent la provenance des produits et les méthodes de production. »
La pétition appelant l’entreprise de prêt-à-porter féminin à indemniser les victimes rassemble plus de 236 000 signatures. Les ONG et syndicats bangladais et internationaux estiment à plus de 54 millions d’euros le montant des indemnisations dues aux victimes. Mais celles-ci attendent toujours.
« Avec les membres de l’intersyndicale de Camaïeu, on a fait une collecte interne pour les victimes : 230,75 euros. Ce n’est pas énorme mais c’est déjà ça » signale Thierry Siwik délégué syndical CGT.
Ce militant travaille dans l’entreprise du nord depuis 24 ans et a assisté aux différentes mutations : « A l’époque tout était produit dans le nord de la France, ça marchait. Ils ont commencé à délocaliser il y a vingt ans vers la Chine et le Vietnam. Aujourd’hui uniquement 10% de la production se fait sur le territoire national. » Thierry Siwik regarde l’enseigne et conclut :
« Nous l’aimons notre entreprise, mais parfois nous ne sommes pas d’accord avec son attitude. Nous avons du attendre le 23 mai pour qu’elle fasse des condoléances publiques aux familles des victimes. C’est impensable. »
« Nous payerons »
Une attitude que regrette aussi Dorothée Kollou :
« Camaïeu nous a appelé aujourd’hui pour nous dire qu’ils payeront. Mais je trouve ça déplorable qu’il ait fallu faire cette action pour que l’entreprise fasse quelque chose » et ajoute « la direction contribuera donc au 54 millions en faveur des victimes, mais uniquement sur la base de sa commande de mai 2012. Ce qui n’est pas correcte étant donné la commande informelle. »
Ainsi le vrai problème réside dans les affaires trouvées dans les débris. A ces attaques Camaïeu n’hésite pas à répondre :
« Demain doit rentrer notre envoyé au Bangladesh avec le rapport d’enquête sur la provenance de ces étiquettes et de ce pantalon retrouvés dans les décombres. Nous avons fait une commande test de 15 000 articles en mai 2012 auprès d’un fournisseur du Rana Plaza. Mais il n’y en a eu qu’une, et ses articles n’en faisaient pas partie. »
La marque assure ne travailler qu’avec quatre autres fournisseurs au Bangladesh, sa production étant surtout concentrée en Chine et dans les pays du bassin méditerranéen. « Si sous-traitance illégale il y a, nous demanderons au fournisseur de participer à l’indemnisation des victimes, et nous ferons de même et nous payerons » assure le porte-parole de Camaïeu.
En dépit de la gravité et de l’urgence de la situation, seules quelques marques sous-traitantes telles que Primark ou Benetton se sont engagées à indemniser les victimes. Les autres font la sourde oreille. « Nous n’allons pas nous arrêter là. D’autres marques françaises telles que Auchan et Carrefour sont impliquées dans l’affaire et ne reconnaissent pas leur responsabilité et se cachent derrière la sous-traitance illégale » souligne Dorothée Kollou.
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