Edouard Courtial, député UMP proche de Brice Hortefeux, au visage de poupon, a proposé ce dimanche dans Le JDD de moraliser l’allocation de rentrée scolaire en la distribuant sous forme de bons d’achat. Un procédé qui rappelle la sortie, il y a quinze jours, d’Eric Ciotti, l’ami d’Estrosi.
Le coup ne pouvait quand même pas marcher à chaque fois ! Eric Ciotti, proche de Christian Estrosi, avait réussi à sortir de l’ombre à la suite d’une interview dans Le JDD. Le 1er août, dans la torpeur estivale, le secrétaire national de l’UMP, en charge de la sécurité, dévoilait le contenu d’une proposition de loi sur la responsabilité pénale des parents mineurs délinquants. Avec à la clé « une condamnation pénale qui pourra aller jusqu’à deux ans de prison ».
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Succès médiatique. En quelques jours, le député et Président du Conseil général des Alpes-Maritimes se fait à un nom à côté de celui de son mentor, Christian Estrosi. Les portraits s’enchaînent, les interviews se multiplient. Il devient la révélation de la droite.
Rebelote avec un proche de Brice Hortefeux
Ce 15 août, rebelote dans Le JDD, un sarkozyste d’1,97m, tente sa chance. Cette fois-ci, c’est un proche de Brice Hortefeux. Edouard Courtial, député du Val d’Oise, 37 ans mais qui en fait dix de moins avec son visage poupin, demande que l’allocation de rentrée scolaire (entre 280 et 306 euros pour les familles les plus modestes) soit moralisée. En bref, qu’elle soit versée non plus par virement bancaire mais sous forme de bons d’achat pour éviter son « dévoiement ».
« J’ai recueilli de nombreux témoignages : certains bénéficiaires attendent son versement pour s’acheter un téléviseur ou effectuer d’autres dépenses qui n’ont rien à voir avec l’école! », lance-t-il au JDD.
Et d’ajouter fièrement : « Ma proposition de loi a reçu 115 signatures de députés UMP. » Sans détailler lesquels… Peu importe, le chiffre a vocation à marquer les esprits. Il représente un tiers des 306 élus du groupe UMP à l’Assemblée nationale.
La case « Mon portrait » déjà prête sur le blog d’Edouard Courtial
Il y a deux ans, le 31 août 2008, l’élu de l’Oise avait déjà fait la même proposition dans Le Parisien : « L’allocation de rentrée ne doit pas servir à acheter un écran plat. » Peu importe, l’homme n’a pas peur de se répéter. Cet été, l’ami de Brice Hortefeux, secrétaire national de l’UMP en charge des fédérations, espère bien sortir de l’anonymat. Et avoir le même succès médiatique que son collègue des Alpes-Maritimes.
Sur le blog d’Edouard Courtial, la case « mon portrait » est prête : marié, deux enfants, né à Neuilly-sur-Seine un 28 juin 1973, quelques photos en prime. Il faut dire que depuis son élection, le député ne chômait pas pour exister. Il y a un, il avait même redoublé d’efforts en organisant, pour le compte de Brice Hortefeux, les rencontres de Beauvau. Des réunions informelles avec une cinquantaine d’élus de la majorité. Manière, pour le ministre de l’Intérieur, de prendre le pouls du terrain, et pour le député d’élargir son carnet d’adresse.
Retour à la réalité politique ce 16 août avec la réponse de la secrétaire d’Etat à la famille, Nadine Morano, dans Le Figaro. Circonspecte, elle réplique : « Bien sûr il y a des abus, mais ils sont marginaux. »
A ses yeux, la mise en place des bons d’achats ne règlerait rien. Pire elle « enchérirait le coût de gestion de l’allocation et risquerait de créer des distorsions de concurrence entre les grandes chaînes du commerce et les petits commerçants. Sans compter que l’on ne serait pas à l’abri d’abus avec ces bons d’achats. »
En somme, Edouard Courtial a eu tout sauf une bonne idée.
Paillé refuse « une course à l’échalote »
« La proposition d’Edouard Courtial n’engage que lui », rétorque Dominique Paillé, porte-parole de l’UMP interrogé par les Inrocks.
« Certes il y a quelques dévoiements, mais nous n’allons pas mettre tous les parents sous tutelle, ça n’a aucun sens. Ce n’est pas l’essence du sarkozysme, qui est plutôt de faire appel à la responsabilité individuelle, Edouard Courtial semble l’oublier. »
L’ami d’Hortefeux aurait-il eu les yeux plus gros que le ventre, pour occuper le terrain façon Eric Ciotti? Dominique Paillé poursuit :
« Je ne voudrai pas que ce soit une course à l’échalote. Eric Ciotti a fait quelque chose de tout à fait intelligent, il a beaucoup travaillé son sujet et ne s’est pas engagé à la légère. Ce n’est pas avec des bons d’achat qu’on va régler des excès dans l’utilisation des allocations de rentrée. C’est en responsabilisant les parents, pas en substituant à eux ! »
Un coup raté pour celui qui, élu député en 2002 comme Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez et Luc Chatel, aspirait sûrement à un peu moins d’anonymat.
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