Japon. En trois heures, l’alarme est passée de sismique à océanique puis nucléaire. Ce week-end, cent millions de Japonais regardaient à la télé des villes réduites à des tas d’allumettes et les panaches blancs monter au-dessus de réacteurs qui explosent les uns après les autres. Ils regardent, et ils écoutent. Avec un souci d’informer stupéfiant […]
Japon. En trois heures, l’alarme est passée de sismique à océanique puis nucléaire. Ce week-end, cent millions de Japonais regardaient à la télé des villes réduites à des tas d’allumettes et les panaches blancs monter au-dessus de réacteurs qui explosent les uns après les autres.
Ils regardent, et ils écoutent. Avec un souci d’informer stupéfiant pour des Français (qui peuvent rester coincés quatre heures dans un train enneigé sans recevoir la moindre news de la SNCF), les autorités leur apprennent qu’un réacteur de la centrale de Daiichi relâche de la vapeur radioactive. Mais que les taux de rayonnement ne sont pas dangereux.
Pourtant il faut évacuer dans un rayon de 20 kilomètres. Un deuxième réacteur risque d’exploser, mais ce n’est pas grave. La dose de rayons atteint en une heure ce qu’un être humain a le droit d’encaisser en un an.
Une incohérence d’information qui ne tient pas à la mauvaise volonté des autorités japonaises mais – plus grave – à la nature même du nucléaire. Le nucléaire, c’est comme l’informatique, ça peut buguer. Le Japon (qui n’a pas de pétrole) a opté comme la France pour le tout-nucléaire. D’autres pays comme la Chine emboîtent le pas, au grand soulagement (inavouable) d’une partie de l’opinion écologiste qui se réjouit de cette réduction des émissions de carbone.
En France, les experts se succèdent pour rabâcher “qu’en matière de nucléaire, le risque zéro n’existe pas”. Or, nous ne sommes pas prêts de sortir du nucléaire. A supposer que la décision soit prise aujourd’hui (comme en Allemagne), il faudra un siècle pour se reconvertir en énergies douces et renouvelables.
Plusieurs générations vont vivre sous le Damoclès nucléaire. Tel est le prix à payer pour le péché originel de la goinfrerie énergétique. Au fond, on s’en tape : ça arrivera dans dix ans, dans vingt ans, il sera temps de voir… Mais voici qu’aujourd’hui, dans un raccourci fulgurant, les Japonais sentent le dur poids de l’épée en attendant qu’un troisième ou un quatrième réacteur explose à un quart d’heure d’avion de leur mégacapitale.
Si jamais, par un miracle de l’histoire, un écologiste, un Nicolas Hulot se retrouvait à la présidence de la République française, pas sûr qu’il ait la solution pour garantir que cela n’arrive jamais chez nous.