Sarkozy est un Président pressé mais toujours en retard. Devant une situation financière internationale d’une telle gravité, lui qui parlait tant jusque-là s’est tu durant des mois. Il nous a même expliqué : “Le rôle du président de la République, ce n’est pas de parler, c’est de prendre des décisions.” Cette réflexion fait rire dans […]
Sarkozy est un Président pressé mais toujours en retard. Devant une situation financière internationale d’une telle gravité, lui qui parlait tant jusque-là s’est tu durant des mois. Il nous a même expliqué : “Le rôle du président de la République, ce n’est pas de parler, c’est de prendre des décisions.” Cette réflexion fait rire dans la bouche d’un junkie de la com et des sondages.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Un vrai Président serait intervenu dès le départ pour expliquer aux Français les périls de l’euro et de l’Europe, sept minutes bien écrites, bien torchées, bien prononcées. Il a préféré bavarder avec le complaisant Jean-Pierre Pernaut qui, écrasé par l’honneur qu’on lui faisait, n’en a pas placé beaucoup. Le monde a frôlé la catastrophe, nous le savions depuis des semaines, ce n’est pas le président de la République qui nous l’a appris. Quant aux décisions, lesquelles hélas ! relèvent de la chancelière Merkel plutôt que de Sarkozy, elles furent aussi tardives que la parole et, de promesses de sauvetage en plans de rigueur, toujours insuffisantes.
Comme un acteur qui vient d’apprendre son rôle, Sarkozy se présente en sauveur de l’Europe et de l’univers. Il se dit l’homme du désendettement, lui qui creusa la dette comme personne ; l’homme de la justice fiscale, lui qui ouvrit tant de niches avant d’en fermer quelques-unes.
Comme la réforme des retraites dont il se vante tant, les décisions du sommet de Bruxelles nous laissent au milieu de la solution. Sarkozy suivant en cela Mme Merkel, nous joue l’histoire du chien de Frédéric Bastiat. Cet économiste du XIXe siècle citait le trait suivant : “Mon pauvre chien, je dois te couper la queue. Mais pour que tu souffres moins, je t’en couperai un petit bout tous les jours.” A quand le prochain morceau ? Qui sont les responsables du désordre financier ? Selon Sarkozy, ce sont la retraite à 60 ans de Mitterrand, les 35 heures de Jospin et les Français assistés. Jamais le bouclier fiscal et les heures supplémentaires sans droits sociaux.
La réduction des dépenses publiques, engagée depuis l’été, que ne l’a-t-il entreprise au début du quinquennat, quand M. Fillon, plus lucide, se disait déjà à la tête d’un Etat en faillite ! Après tout, comme le Président sortant l’a déclaré au début de son entretien du 27 octobre, parodiant mal le général de Gaulle, “les choses sont ce qu’elles sont”.
Michel-Antoine Burnier et Bernard Zekri
{"type":"Banniere-Basse"}