Les mots sont des actes. Dans une excitation subite et contraire à ses anciennes croyances, Sarkozy nous propose des référendums à répétition, si par imprévu il se maintenait au pouvoir. Référendums : tous les autres candidats s’en moquent, sauf Marine Le Pen qui voit là l’occasion de rétablir la peine de mort et de virer […]
Les mots sont des actes. Dans une excitation subite et contraire à ses anciennes croyances, Sarkozy nous propose des référendums à répétition, si par imprévu il se maintenait au pouvoir. Référendums : tous les autres candidats s’en moquent, sauf Marine Le Pen qui voit là l’occasion de rétablir la peine de mort et de virer les immigrés. Cela dit, cette idée sarkozyste jetée dans les pages du Figaro risque de se réaliser bien plus vite que ne l’avait rêvé son auteur.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le seul référendum à l’horizon, explique François Hollande, c’est l’élection présidentielle qui vient. En effet, à insister sur la démocratie directe, Sarkozy transforme le scrutin d’avril-mai, mieux qu’un référendum, en un “plébiscite à l’envers”. Les élections ordinaires répartissent les suffrages entre différents courants ou candidats, le plébiscite à l’envers coalise par nature tous les opposants, les déçus, les trahis, les fâchés, les malheureux, les exclus contre le sortant. Dieu sait si, de la gauche à la droite, ces catégories agglomérées sont toujours majoritaires en France.
Imaginez une seconde Nicolas Sarkozy réélu. A-t-il vraiment songé que pour gagner un référendum, il faut capter plus de 50 % des suffrages ? De Gaulle y parvint sur la guerre d’Algérie et l’élection du président de la République au suffrage universel. Dès qu’il sortit de ces domaines, il perdit avec fracas le référendum de 1969 sur la décentralisation et quitta le pouvoir. Ses successeurs n’ont jamais pu gagner franchement un référendum, soit qu’ils aient obtenu des abstentions maximales comme Pompidou sur l’Europe, Rocard sur la Nouvelle-Calédonie ou Jospin sur le quinquennat, soit qu’il aient pu passer d’extrême justesse comme Mitterrand sur le traité de Maastricht, soit qu’ils aient perdu comme Chirac sur le traité constitutionnel européen de 2005.
Dans l’étrange hypothèse où Sarkozy se maintiendrait à l’Elysée, l’histoire électorale ne lui laisserait alors que deux possibilités : perdre référendum sur référendum et, à la fin, gicler, ou ne pas tenir sa promesse. Parions plutôt sur cette dernière situation. On le traiterait alors une nouvelle fois de menteur, mot qu’il préfère en général appliquer aux autres.
Bernard Zekri, MAB
{"type":"Banniere-Basse"}