C’est une bombe à fragmentation. Le PS aurait tort de croire que l’affaire DSK va se tasser : elle ne sortira pas de nos vies avant 2012. La candidature de Dominique Strauss-Kahn représentait une promesse, un fantasme, l’espoir que la France, avec trente ans de retard, allait enfin retrouver la modernité. Son absence fait d’abord […]
C’est une bombe à fragmentation. Le PS aurait tort de croire que l’affaire DSK va se tasser : elle ne sortira pas de nos vies avant 2012. La candidature de Dominique Strauss-Kahn représentait une promesse, un fantasme, l’espoir que la France, avec trente ans de retard, allait enfin retrouver la modernité. Son absence fait d’abord ressortir les faiblesses socialistes, le côté archaïque sans expérience du monde et de la mondialisation.
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François Hollande et Martine Aubry devront se battre contre le retour à la vieille République, ses motions et ses projets de papier qui ne résistent pas au choc de la réalité et du pouvoir. Le Corrézien et la Lilloise feront face au plus grand des défis : parvenir à oublier la haine qu’ils se portent. Une haine qui laisse présager une primaire d’affrontement et de dénigrement, germes d’une déroute en 2012.
L’affaire DSK révèle aussi la fracture des générations. Les vieux, les Jack Lang, Jean-François Kahn, ont manifesté à l’occasion un machisme pré-soixante-huitard, voire prérévolutionnaire : on y reconnaît le mépris des femmes et des humbles déjà dénoncé par Beaumarchais. Mais le MLF est passé par là : les femmes libres n’admettent pas le comportement de DSK, moins encore celui des commentateurs. Dans le monde d’aujourd’hui, on n’écrase plus si facilement Fantine et Causette, même sous l’apparence d’une grande Peule réfugiée de Guinée.
Et si DSK se retrouvait devant le tribunal en février 2012 ? Imagine-t-on d’ici là les révélations distillées sur sa vie et, en sens inverse, les attaques répétées contre la pauvre Ophélia, poursuivie par les détectives à la solde d’un homme riche et jadis puissant ? Les médias américains comme français ne lâcheront pas: les tirages et les audiences rejoignent ou dépassent ceux que suscitèrent la Coupe du monde de 1998 ou le 11 Septembre. Mieux : il s’agit d’une histoire à rebondissements. On ne cessera d’en parler parce que cela passionne et se vend.
Reste les Français stupéfiés et le peuple de gauche floué. Vont-ils se remettre d’avoir accordé leur confiance à un homme qui les a déçus et lâchés ? Les socialistes risquent de périr par celui qui devait les sauver. C’est déprimant.
Bernard Zekri
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