Qui de BHL ou de Botul existe pour de vrai ? Une question inextricable.
Pauvre, pauvre BHL qui croyait en l’existence d’un certain Botul au point d’en faire un philosophe de référence dans son nouvel ouvrage, De la guerre en philosophie.
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Et la presse de lui tomber dessus, de ricaner bêtement, alors que BHL avait bien d’autres problèmes cette semaine-là…
D’abord découvrir que sa seule et unique lectrice sérieuse, vérifiant toutes les sources de ses livres estampillés “philo”, annotant chaque phrase dans la marge au crayon à papier, c’était Aude Lancelin du Nouvel Obs.
Ensuite, avoir le privilège ou le malheur d’être portraituré façon cubiste par… Christine Angot dans Le Point.
Il faut s’y prendre à plusieurs fois pour comprendre quelque chose. Ou alors est-ce trop simple ?
“Il cherche la vérité. C’est un philosophe. Ça existe. Il y en a.”
Et plus loin, en parlant de sa démarche à elle : “Quand moi je désigne mon coeur, le plexus, la zone où ça s’agite, je désigne un endroit où parfois ça bat très fort, parce que je ne sais pas comment je vais faire pour rétablir la vérité (…)”
Et s’ils commençaient un peu à nous pomper l’air avec “la vérité, la vérité” ?
Un présupposé paranoïaque qui diffuserait un message malsain voire manipulateur : tous les autres nous mentent… surtout ceux qui font de la fiction.
Or Botul, philosophe inventé par Frédéric Pagès du Canard enchaîné, est plus vrai que nature, au point que le vrai BHL s’y est laissé prendre.
Et BHL, à force de chemises blanches, de chauffeur par-ci et de palais au Maroc par-là, de plan média béton et d’amitiés avec les puissants, a fini il y a quelques années par devenir le suspect idéal des traqueurs de vérité : que cachait-il ? et s’il nous mentait, nous manipulait à force de nous jeter sa fiction à la figure tel un écran de fumée ?
Dans une interview à Mediapart, Frédéric Pagès retournait les choses : et si BHL était, plus que Botul, un philosophe qui n’existe pas ?
Le drame de BHL, c’est d’être devenu un personnage public qui n’en finit pas de vouloir prouver qu’il est un vrai philosophe, un vrai intellectuel, alors qu’il devrait peut-être seulement démontrer qu’il est avant tout un écrivain.
Mais BHL, plutôt que d’être romancier, s’est peut-être réinventé en personnage de roman, a préféré faire de sa vie une oeuvre, vivre comme s’il s’agissait d’une fiction, faire du romanesque sa vérité.
Après tout, qu’est-ce qu’une vie sinon un marché de dupes entre soi et soi ? Et comme le roman, un art du “mentir vrai” ?
Laissons donc à Christine Angot la naïveté de croire qu’elle parviendra, dans ses portraits, dans ses romans, à rétablir la vérité.
Quant à savoir qui de BHL ou de Botul existe le plus et pour de vrai… On laissera les exégètes en débattre.
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