Quinze ans après Sex and the City, la romancière Candace Bushnell n’en signe pas la suite mais le prequel : les années d’adolescence de son héroïne. Pourquoi ?
Des souliers argentés, des robes légères, des soirées torrides arrosées de cosmopolitans, et New York continuellement, éternellement en été, seulement rafraîchi par une brise de liberté : Sex and the City revient ! Le film, hélas, pas le livre.
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Il y a deux ans, la première version cinéma avait déjà laissé les fans de la série quelque peu amers : c’était comme si le grand écran faisait l’effet d’une loupe grossissante sur la série, promotant ses gimmicks (la mode, les cocktails, le glam) mais évacuant sa profondeur psychologique (l’amitié, les doutes existentiels, la douleur amoureuse, un certain désespoir). C’était pourtant ce mélange qui avait fait le succès de la série, et le charme du roman et des chroniques de Candace Bushnell : cocktails et spleen, sexe et questionnements sociétaux, talons aiguilles et désillusions.
L’univers d’Edith Wharton, de Dorothy Parker et de Truman Capote transposé aux années 90. Si le cinéma a confondu finesse et sophistication avec mélo et bling-bling, Bushnell avait continué de développer son style “old New York” dans un excellent roman, Cinquième Avenue.
C’est pourquoi on attendait mieux de sa part que ce roman pour ados qui sort un mois avant la suite du film : Le Journal de Carrie nous plonge dans les mésaventures de Carrie Bradshaw à 17 ans, avec son premier amour, ses premières copines, ses vagues premiers shoppings.
Ah, l’âge atroce où notre supposée meilleure copine pouvait nous rafler notre fiancé sans l’ombre d’un scrupule… Bushnell excelle toujours à pointer là où ça fait mal, et si on l’aime tant, c’est qu’elle est continuellement de notre côté dans ces moments où l’on s’est sentis plus outsider que jamais.
Et puis, Le Journal de Carrie reste un symptôme intéressant : au lieu de faire un sequel (une suite) à Sex and the City, Bushnell a opté pour le prequel. Est-ce parce que Carrie, passé 40 ans, n’est plus une héroïne de roman valable ? Ou peut-être ne lui reste-t-il que les jeunes années de son héroïne si elle veut se la réapproprier, puisque la suite de Sex and the City, c’est le cinéma qui l’écrit aujourd’hui.
Dans ce nouvel opus (sortie le 2 juin), il paraît même que Carrie tombe enceinte de Big. Candace Bushnell, elle, n’a jamais voulu d’enfant parce que dès l’adolescence, elle ne voulait qu’une chose : se consacrer à l’écriture. C’est d’ailleurs ce que clame la jeune Carrie dans son journal.
Bushnell a toujours dit qu’elle n’était pas Carrie Bradshaw, malgré bien des similitudes. Si elle n’est peut-être pas celle des films, elle est sans aucun doute celle de ses livres. Et son Journal de Carrie est peut-être sa façon à elle de contredire cette caricature d’elle-même que le cinéma lui renvoie à la figure
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