Essayons d’oublier l’actuel président de la République, les coups qu’il a portés pendant cinq ans à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, n’usons pas plus d’encre et d’énergie à répertorier une fois encore les multiples éléments du passif de son bilan-boulet. Refermer cette funeste parenthèse par la voie des urnes sera la motivation la […]
Essayons d’oublier l’actuel président de la République, les coups qu’il a portés pendant cinq ans à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, n’usons pas plus d’encre et d’énergie à répertorier une fois encore les multiples éléments du passif de son bilan-boulet. Refermer cette funeste parenthèse par la voie des urnes sera la motivation la plus impérieuse d’une large part des électeurs le 6 mai. Mais si cette nécessité s’accomplissait dimanche, le plus important serait ce que le nouveau président François Hollande ferait de sa victoire.
Compte tenu de son passé d’homme politique et de sa personnalité pondérée, on lui accorde toute notre confiance pour remettre la France sur ses rails républicains. Hollande ne sera pas un hyperprésident, il laissera les ministres exercer le rôle qui leur est dévolu par la Constitution (“article 20 : le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation ; article 21 : le Premier ministre dirige l’action du gouvernement”), il redonnera de l’oxygène au Parlement, desserrera l’étau que l’exécutif sarkozyste voulait imposer à la justice, modifiera le mode de nomination discrétionnaire des patrons des grands médias publics. Il aura des relations moins troubles et consanguines avec les milieux du CAC 40. Il sera plus habité par les notions de justice fiscale et sociale. Il n’usera pas à des fi ns électoralistes des questions comme la sécurité, l’immigration, l’identité nationale.
Il sera un président “normal” qui aura pour souci l’apaisement et la cohésion de la nation, un président lucide qui n’oubliera pas que le sens fondamental de sa mission passe par l’intérêt général et non par la division du peuple au profit de sa caste. Reste le plus important : le pain et le futur. C’est sur le terrain de l’économie et de l’emploi, mais aussi sur la régulation financière et le cap de l’après-pétrole qu’il sera le plus attendu. Ce sera la part la plus difficile et complexe de son mandat, celle où le risque de déception sera le plus fort, celle où le peuple dans sa diversité sociale, philosophique et partisane sera le plus vigilant et critique. Confiance en François Hollande mais pas blanc-seing, tel est notre état d’esprit en cette veille de second tour porteur d’espérance.