Grèves et intempéries ont révélé combien la presse papier reste irremplaçable.
Que c’est triste une ville sans journaux ! Si elle préfigure un avenir proche, celui que nous annoncent depuis des années les visionnaires de la société médiatique, l’expérience qu’a subie Paris en décembre ressembla à un mauvais rêve.
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Les kiosques fermés, les mains vides le matin au café, les squelettiques quotidiens gratuits à la rescousse dans le métro… La disparition momentanée de la presse papier conféra à la ville une étrange atmosphère, presque fantomatique, comme si elle avait perdu une part de sa substance, de sa vitalité quotidienne, de son énergie collective. Un journal manque et tout est dépeuplé.
Cette dévitalisation n’avait de fait rien à voir avec une carence en information puisque les sites d’info compensaient nos manques. Mais la grève des ouvriers du Livre, achevée avant Noël au terme d’un accord avec la direction de Presstalis, a démontré à ceux qui en doutaient que, en dépit de la qualité de l’information qui circule sur la toile, la presse papier a gardé une puissance d’attraction sans pareille.
Si leur complémentarité s’est définitivement imposée dans les modes de consommation de l’information, le papier et l’internet ne sont pas encore prêts à échanger leur place. Rien ne compensera jamais le plaisir de tourner les pages froissées d’un quotidien, même si tous les geeks et les cassandres nous bassineront toujours avec leur magique monde numérique.
Il suffisait de mesurer l’effet de glaciation qui souffla sur Paris sans journaux pour se méfier de ces lanternes numériques et oser affirmer la nostalgie de ce monde crépusculaire : les journaux, ces objets affectifs, ces compagnons des jours qu’on voudrait nous enlever au prix d’une tristesse envahissant nos rues sourdes.
Jean-Marie Durand
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