L’intervention en Libye repose un vieux débat. Entre le principe de souveraineté absolue façon Chine-Russie qui permet de massacrer chez soi tranquille et le droit d’ingérence cher aux néo-cons qui entend imposer la démocratie à coups de bombes, difficile de trouver la note juste. Sans remonter jusqu’à la victoire des Alliés sur le nazisme, on […]
L’intervention en Libye repose un vieux débat. Entre le principe de souveraineté absolue façon Chine-Russie qui permet de massacrer chez soi tranquille et le droit d’ingérence cher aux néo-cons qui entend imposer la démocratie à coups de bombes, difficile de trouver la note juste.
Sans remonter jusqu’à la victoire des Alliés sur le nazisme, on peut citer des exemples d’intervention militaire aux effets plutôt positifs, de l’ex-Yougoslavie à la première guerre du Golfe, de même qu’on se souvient du Rwanda, exemple de non-intervention catastrophique. Mais, sérieux bémol à l’interventionnisme, les guerres de W. Bush sont passées par là.
A priori, l’action en Libye présente un pedigree acceptable : aspect international, présence d’Etats et institutions arabes, mandat de l’ONU et danger Kadhafi avéré. Mais des questions se posent. Qui connaît le pourcentage exact de la population libyenne hostile à Kadhafi ? De ce chiffre dépend pourtant en partie la légitimité de l’intervention.
Le périmètre de l’opération est-il bien défini ? La Ligue arabe proteste déjà, arguant que les bombardements n’entrent pas dans la mission d’imposition d’une zone d’exclusion aérienne. Comment réagira Kadhafi ? Quelle est sa puissance militaire ? Pourquoi une telle coalition ne s’est-t-elle pas formée pour les peuples tchétchène, tibétain, birman, ivoirien, yéménite, bahreïnien ? Quelles sont les arrière-pensées politicointérieures des leaders de la coalition ? Elles pourraient expliquer la position va-t-en-guerre de Sarkozy ou la prudence de Merkel.
Enfin, cette intervention va-t-elle dans le sens des révolutions arabes, puisqu’elle est du côté des insurgés libyens, ou dans celui, inverse, des régimes arabes durs qui y contribuent ? Quels sont alors les scénarios ? Le plus souhaitable : un départ rapide de Kadhafi suivi d’élections libres. Mais Kadhafi est plus coriace et imprévisible que Ben Ali et Moubarak. Et la société libyenne est politiquement moins structurée que ses voisines. Se profile aussi le scénario le plus pessimiste : l’escalade et l’enlisement avec un Kadhafi galvanisé usant de tout son pouvoir de nuisance, un consensus international fracassé, des civils qui trinquent et une image de l’Occident encore plus mauvaise dans le monde arabe.